Mon tresor

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Depuis 1997, Keren Yedaya sensibilise le gouvernement et l’opinion israélienne au phénomène prostitutionnel.

Peut-on échapper à la reproduction mortifère des mêmes schémas, qu’ils soient familiaux, sexuels ou sociaux? C’est une des questions que pose Mon trésor, le premier long-métrage de la réalisatrice israélienne Keren Yedaya.

Annonce

Or et Ruthie vivent à Tel-Aviv. Or, la fille de 17 ans, veut empêcher sa mère de se prostituer ; une mère-enfant qui « sort » pour payer ses dettes, refuse de travailler comme femme de ménage et promet sans cesse de « changer« . Mais peut-on changer dans une société machiste où les hommes sont des prédateurs et seuls détenteurs d’un pouvoir que donne l’argent ? Or le croit, jusqu’à ce qu’une voisine, incarnation dérisoire du destin, la condamne à son tour à la rue…

Sèche et tendue, filmée en plans fixes qui refusent tout esthétisme, l’histoire fait une place à l’intimité entre les deux femmes. Elle montre aussi, crùment, la violence faite au corps féminin, malmené, morcelé, ensanglanté… Mais l’échec d’Or n’est pas définitif. Sa passivité finale nous est montrée comme grosse de révoltes futures, et la tension critique de son regard invite le spectateur à voir au-delà de cette fatalité, à refuser cette fatalité, comme le fait la réalisatrice qui, depuis 1997, sensibilise les gouvernants et l’opinion israélienne au phénomène prostitutionnel.