La sexualité n'a pas de prix! #sexispriceless
Libérer la sexualité de la violence et de l'argent
Aujourd’hui, on estime qu’une victime française sur 2 de proxénétisme est mineure! Au moins 10 000 jeunes sont concernés. Si tu te poses des questions, ou si tu as des inquiétudes au sujet d’un ou d’une proche, les infos ci-dessous sont pour toi.
La prostitution, c’est quoi?
La prostitution a de nombreuses formes! Prostitution de rue, dans des « bars à hôtesses » ou de faux salons de massage… Ou encore « escorts » et « sugar baby », quand la prostitution est proposée par internet. On pense aussi à la pornographie et aux actes sexuels exécutés devant une webcam, à la demande du « client ». Le point commun entre toutes ces situations? L’échange d’un acte sexuel contre quelque chose. En général, c’est de l’argent, mais pas toujours : il peut s’agir d’un service (un hébergement par exemple) ou d’une marchandise (du cannabis, un téléphone…)
Les conséquences de la prostitution
Quand on est prostitué·e, on subit à répétition des actes sexuels non désirés… c’est très violent!
De plus, les personnes en situation de prostitution sont exposées à toutes sortes d’agressions (vols, viols et même meurtres) de la part des « clients » et des proxénètes.
Toutes ces violences ont un impact terrible sur la santé psychique (dépression, anxiété, idées suicidaires, addictions) et physique (risques d’IST et de grossesses non désirées). La prostitution entraîne aussi souvent une dé-scolarisation et l’éloignement de ses proches.
Qu’est-ce qui fait qu’on entre en prostitution?
Lorsqu’on discute avec des jeunes en situation de prostitution, on se rend compte qu’il n’est pas facile pour elles / eux de savoir quand « ça » a commencé ! Comme dans d’autres formes de violence, la personne peut être piégée petit à petit dans une situation qu’elle n’imaginait pas au départ.
En général, les mineures prostituées sont le plus souvent des jeunes filles de 13 ou 14 ans, repérées dans les collèges, les lycées, les foyers, ou encore sur les réseaux sociaux. Les proxénètes (souvent un petit groupe) contactent une jeune isolée, en manque affectif, et gagnent sa confiance en jouant le petit ami, le « lover boy », ou encore la « bonne » copine compréhensive.
Certains proxénètes utilisent aussi les réseaux sociaux comme TikTok ou MYM pour diffuser des vidéos de jeunes filles qui prétendent détenir la recette pour gagner beaucoup d’argent : devenir « sugar baby ». Les jeunes qui se définissent comme « sugar baby », pensent qu’elles ne sont pas prostituées ; pourtant on leur demandera de fournir des actes sexuels, même si elle ne l’envisageaient pas au départ. Sur le réseau social TikTok, le hashtag #sugarbaby rassemble plus d’1,2 milliard de vues et rime avec luxe : sacs à main, yachts, bijoux, champagne, etc. Mais attention à ce soit-disant « argent facile ». Il s’agit bien de prostitution de jeunes filles avec des hommes « clients » plus âgés surnommés « sugar daddy ».
Grâce aux réseaux sociaux – ou aux rumeurs – un proxénète repère les jeunes les plus vulnérables : celles et ceux qui rêvent à tout prix de changer de vie. Par exemple, une jeune fille qui subit des violences dans leur famille, ou qui a été victime d’un viol, de harcèlement. Les mineures en fugue sont aussi des cibles fréquentes : elles ont un besoin urgent d’argent, sont déscolarisées et isolées.
Au début, beaucoup de jeunes filles ne se sentent pas victimes alors même qu’elles reversent une partie de leurs gains à un « amoureux » ou une « bonne copine » en échange d’une « protection ». Cette impression fausse de liberté ne dure pas, car les exigences des proxénètes se font de plus en plus insupportables.
Comment on s’en sort?
Sortir de la prostitution, c’est une véritable course d’obstacles, il faut souvent du temps. En tant qu’ami·e, frère ou sœur, proche. on peut jouer un très grand rôle de soutien auprès de la victime.
Le plus important, c’est de garder un contact, surtout si ton ami·e manque l’école ou se fait distant·e. N’hésite pas à lui parler, demande-lui si tout va bien ; dis-lui que tu es là pour l’écouter le jour où il ou elle se sent prêt·e.
Comme dans tous les cas où une personne est victime de violence, garde en tête qu’elle n’est coupable de rien ! Une personne n’est jamais responsable des violences qu’elle subit. Y compris si elle semble « choisir » de rester dans sa situation : peut- être qu’elle craint des représailles, ou est-elle encore sous l’influence de la personne ou du groupe qui l’a conduite à être prostituée.
Dans tous les cas, elle a le droit d’être entendue et protégée.
Réfléchissez ensemble aux adultes qu’elle connaît et en qui elle a confiance, à qui elle pourrait parler : un ou une professeure ? Son médecin ? L’infirmière de l’école, la CPE ou l’assistante sociale ? Ou une personne de sa famille quand c’est possible.
Tu peux lui suggérer d’appeler le 119, le numéro gratuit et anonyme auprès duquel tous les mineur·es victimes de violences peuvent trouver de l’aide, ou l’un des numéros utiles indiqués sur cette page. En tant que proche, tu peux toi aussi les appeler pour être aidé·e, conseillé·e, écouté·e.
Focus sur la loi en France
Dans la prostitution, on trouve trois « acteurs » : un « client » qui paye pour obtenir un acte sexuel ; une personne qui le subit ; et, dans l’immense majorité des cas, un proxénète, qui capte une partie plus ou moins importante de l’argent du « client » (parfois la totalité !) pour permettre à celui-ci d’avoir accès à la personne prostituée.
Par exemple, le proxénète peut convaincre une personne d’être prostituée, mettre des petites annonces sur internet pour recruter des « clients », louer un appartement et y amener le « client ». Considérées comme du proxénétisme en France, toutes ces actions sont interdites par la loi. Être « client », c’est aussi interdit, depuis la loi du 13 avril 2016.
En revanche, en France, les personnes prostituées ne sont coupables de rien ! Elles sont au contraire considérées comme victimes de violence et peuvent demander la réparation du préjudice qu’elles ont subi en étant prostituée.
Cette position anime la loi de 2016, qui analyse la prostitution comme un système qui exploite les personnes les plus vulnérables. Parmi les personnes prostituées, on trouve en effet essentiellement des femmes et des enfants, au croisement de nombreuses injustices et discriminations : migrantes demandant l’asile en France, mineures victimes de violences infra-familiales, personnes victimes d’homophobie et de transphobie… Cette conception de la prostitution et les choix politiques et sociétaux qui en découlent s’appelle : l’abolitionnisme. Le Mouvement du Nid, qui édite ce site, est une association abolitionniste, qui agit en soutien sur le terrain auprès de centaines de personnes en situation de prostitution.
Numéros utiles
Besoin d’aide ou de conseils? Tous ces numéros sont confidentiels et gratuits. Tu peux les appeler si tu rencontres des difficultés, ou si tu cherches à aider un·e proche, ou encore, si tu es témoin de violences.
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119 Enfance en danger
Le numéro 119 reçoit les appels des mineur·es victimes de violence et de toutes les personnes souhaitant signaler des violences contre un·e mineur·e. On peut appeler le 119 même si on n’a que des doutes ou besoin de conseils. Il y a aussi un tchat pour ceux et celles qui préfèrent !
7 jours sur 7 et 24h sur 24 en appelant le 3019 et par tchat https://www.allo119.gouv.fr
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Amicale du Nid
Si tu es en situation de prostitution (ou te sens menacé·e de l’être), c’est-à-dire si quelqu’un te demande des actes sexuels sous la pression économique (contre de l’argent, des produits, un hébergement..) tu peux contacter cette association qui pourra t’aider.
https://amicaledunid.org
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Fil santé jeunes
Ici, tu peux te confier sur tes préoccupations en matière de sexualité et contraception, violences, toxicomanie, mal-être…
7 jours sur 7 entre 9h et 23h.
Par téléphone 0 800 235 236 et par tchat https://www.filsantejeunes.com/
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En avant toutes!
Un tchat consacré aux filles et jeunes femmes victimes de violences.
Du lundi au samedi de 10h à 21h.
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e-enfance
Contre le harcèlement et les violences numériques, ces professionnel·les peuvent t’aider!
Du lundi au samedi de 9h à 20h en appelant le 3018, et par tchat https://e-enfance.org/numero-3018/besoin-daide
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SOS homophobie
Si tu es victime d’homophobie ou de transphobie, tu peux appeler ou tchatter avec l’équipe de SOS homophobie.
https://www.sos-homophobie.org
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Drogues info service
Une écoute et des conseils sont disponibles par téléphone au 0 800 23 13 13, tous les jours entre 8h et 2h.
Par tchat de 8h à minuit https://www.drogues-info-service.fr/
Et en cas de danger…
Ces numéros ci-dessus ne peuvent pas t’aider si tu es en danger immédiat. Dans ce cas, n’hésite surtout pas et appelle la police au numéro 17. Si tu ne peux pas parler, écris par sms au numéro 114.