Numéro exceptionnel : le défi abolitionniste
Où en est l’abolitionnisme en France ?
Nous avons choisi de présenter les positions d’associations de femmes ou féministes, en majorité, mais aussi d’ONG que préoccupe la question des violences faites aux femmes. En cherchant à rassembler les contributions par thèmes (tentative relativement artificielle puisque les analyses sont globales et touchent toutes à la liberté, l’égalité, l’autonomie, la dignité), on verra que la prostitution est à la croisée de toutes les grandes questions sociales et politiques : inégalités (hommes/femmes, nord/sud), précarité, marchandisation, travail, violences, santé, sexisme, racisme.
Le caractère central du féminisme dans le choix de la position abolitionniste saute aux yeux. Son analyse du système de domination sexiste comme structure fondamentale de nos sociétés lui permet de voir la prostitution comme un point d’exaspération de la domination masculine, de la violence et de l’inégalité entre les hommes et les femmes.
En toute logique, et sauf exception (des organisations se disant féministes et affichant un soutien au statut du travail du sexe
), le féminisme est un chemin tout tracé vers l’abolitionnisme.
Face à ces forces éparses, mais aussi ces convictions solides, est-il permis d’espérer voir, dans notre pays, la construction d’un front abolitionniste dynamique et porteur d’un véritable projet politique ?
Lire ici le dossier complet : Le défi abolitionniste sur le terrain.
– Éditorial
L’abolitionnisme, un projet partagé !
… nous tentons dans ce numéro spécial de mesurer la « température » abolitionniste en France (…) Ce numéro fait donc le choix de donner la parole à des représentant-e-s d’organisations diverses, dont la prostitution n’est pas l’objet direct mais qui prennent position par exigence de cohérence.
Histoire
Aux sources de l’abolitionnisme : naissance, évolution, définition.
Sur le terrain
– Violences
Les témoignages des responsables d’associations qui accueillent des victimes de violences sexistes, montrent qu’une bonne partie des cas de prostitution reste invisible, non connue, non déclarée. Les médias préférant les images choc de traite des femmes ou les clichés glamour sur les « escort girls ».
- Rencontre avec Sabine Salmon, présidente de Femmes Solidaires :
Comment être féministe sans être abolitionniste?
– Précarité, exclusion
La précarité est un terreau pour la prostitution qui va de pair avec des situations d’exclusion semblant sans issue… surtout quand la réglementation ou la banalisation de la prostitution empêchent de mettre en œuvre des alternatives pour « s’en sortir ».
– Mondialisation
Le système proxénète de mise à disposition du corps des femmes[[En majorité.]] a su tirer parti de la mondialisation, de l’ouverture des frontières, de la circulation des capitaux et des personnes. De formidables moteurs qui ont donné à cette forme d’exploitation des dimensions sans précédent dans l’histoire du monde.
– Droits humains
La prostitution constitue sans aucun doute un des premiers lieux de violation des droits humains dans la société. Rares sont pourtant encore les organisations de défense des droits humains qui s’en soucient.
- Ligue des Droits de l’Homme (LDH) :
Le consentement ne pèse pas lourd à côté des conditions sociales
- Du côté d’Amnesty International : une
neutralité
bienveillante pour les réglementaristes(à lire dans le dossier Le défi abolitionniste sur le terrain.)
– Sexisme, racisme
La prostitution est le lieu du sexisme – femmes constituées en « putes » – et du racisme. Les poncifs colonialistes (Africaines sauvages, Asiatiques soumises…) sont un argument de vente majeur dans l’industrie du sexe.
- Mix-Cité :
Faire de la prostitution une question politique
(à lire dans le dossier Le défi abolitionniste sur le terrain.)
- Réseau pour l’Autonomie des Femmes Immigrées et Réfugiées (RAJFIRE) et Fédération des Associations de Solidarité avec les Travailleurs Immigrés (FASTI) :
La prostitution, empêcher les viols? Au contraire!
(à lire dans le dossier Le défi abolitionniste sur le terrain.)
– Travail
On pense peu aux conséquences que peuvent avoir la banalisation de la prostitution et les représentations de la femme prostituée sur l’ensemble des femmes qui travaillent. Le lien est pourtant éclairant.
– Liberté sexuelle, droit de choisir
Être abolitionniste, c’est défendre la liberté sexuelle. Ce n’est pas au nom d’un ordre social ou d’une prétendue « normalité » que la plupart des néoabolitionnistes s’opposent à la prostitution. C’est au nom de la liberté de chacun-e de pouvoir vivre sa sexualité selon ses choix et non selon la nécessité économique.
- Choisir la Cause des Femmes :
Interdire tout achat de « service sexuel »
(à lire dans le dossier Le défi abolitionniste sur le terrain.)
- Planning familial : le malaise
(à lire dans le dossier Le défi abolitionniste sur le terrain.)
– Santé
- Médecins du Monde : attentifs aux personnes prostituées, sans opinion sur le système prostitutionnel
(à lire dans le dossier Le défi abolitionniste sur le terrain.)
– Perspectives politiques actuelles de l’abolitionnisme
Regards croisés sur l’abolitionnisme, un bilan sur les pertes, les acquis et les enjeux des luttes à venir. Avec Malka Marcovich, Grégoire Théry, Saïd Bouamama.
Politiques
– France : Où en est l’abolitionnisme dans les partis politiques ?
Nous tentons ici de dresser un état des lieux, entre avancées réelles et blocages (même si les débats restent souvent difficiles à l’intérieur des partis).
Intellectuel-le-s
– Théories et engagements, les intellectuel-le-s face à la prostitution
Le monde intellectuel est souvent marqué par une complaisance persistante envers la prostitution ou, plus précisément, ceux qui y ont recours. Il se trouve toutefois des voix de plus en plus nombreuses pour s’élever contre cette survivance archaïque, ce symbole de la domination.
À l’écran
Auteur de La Domination masculine.
Un acte sexuel sans désir et monnayé, que ce soit pour un homme ou pour une femme, me semble d’une violence immense.
En mouvement
– Abolitionnistes, toutes générations confondues
Rencontre avec quatre militantes du Mouvement du Nid, de 22 à 84 ans… À lire sur le site du Mouvement du Nid.
– Grandes figures de l’abolitionnisme