L’enquête d’opinion publique Les clients en question est l’un des premiers mouvements de la campagne de prévention du clientélisme prostitutionnel lancée en 2002 par le Mouvement du Nid.
Après deux ans de campagne, près de 150 000 questionnaires ont été distribués dans toute la France et plus de 13 000 questionnaires ont été retournés par voie postale, ou via le site Prostitutions.info dédié à l’information sur le système prostitutionnel.
L’enquête avait pour objectif principal d’étudier l’ampleur et les caractéristiques des préjugés véhiculés sur l’homme en tant que client de la prostitution, en vue de l’élaboration de messages de prévention.
Avec un échantillon de 6 000 questionnaires, composé à 65% de femmes, l’étude nous permet de connaître les représentations sociales des répondants sur le client de la prostitution à travers différentes caractéristiques : âge, sexe, situation sociale et familiale, expérience ou non de la prostitution…
Un premier constat établit que malgré la grande diversité des répondants, les réponses des femmes et des hommes sont relativement proches. Même si elles reconnaissent plus souvent le caractère inacceptable de la prostitution et condamnent plus sévèrement les clients, les répondantes pensent que la prostitution est une fatalité et une nécessité pour les hommes.
Le changement semble provenir des jeunes femmes, plus sensibles à l’impact négatif du « clientélisme prostitutionnel » sur les relations entre les sexes. Elles se disent prêtes à remettre en question ce « droit de l’homme », considérant qu’il est incompatible avec la construction de relations égalitaires hommes – femmes.
Des éléments d’analyse sont à prendre en considération dans les réponses des « clients » de la prostitution, soit environ 5% des répondants. Ils témoignent souvent de « désillusions ». Ces opinions permettent de contre-balancer une tendance chez nombre d’hommes en général qui ont une vision fantasmée de la prostitution. Près de 15 % des hommes non « clients » pourraient envisager le devenir.
Enfin, face à ces constats, il s’avère que pour une très forte majorité des répondants, la prévention et la sensibilisation à la réalité du système prostitutionnel sont la meilleure politique à adopter. Des campagnes d’informations pourraient combler un besoin de l’opinion publique.
En effet, le « respect et l’éducation à l’égalité des sexes » sont les réponses les plus prisées (67% et 36 %) par l’ensemble des répondants, y compris les clients, aux questions ayant trait aux solutions à mettre en oeuvre face aux « prostitueurs ». Si certains répondants prônent la solution de condamner les « clients » – 21% des répondants sont de cet avis -, la plupart prennent position en faveur de l’éducation.
L’opinion marque ainsi un besoin de prévention dès le plus jeune âge face à un véritable phénomène de société.