Cet ouvrage, publié à la suite d’un colloque qui s’est déroulé à Poitiers et à l’Assemblée nationale en 2014, regroupe des articles émanant d’enseignants-chercheurs qui ont choisi les chemins de l’Histoire pour comprendre et combattre la violence du présent
, selon l’historienne Michelle Perrot, auteure de la postface.
Les auteurs déroulent les violences subies par les femmes, de l’Antiquité à nos jours, mettant ainsi en lumière la quasi-universalité du phénomène : harcèlement sexuel, viols collectifs, mariages et sexualité conjugale forcés, homicide conjugal, prostitution!
Exercer des violences sexuelles sur les femmes permet ainsi aux hommes d’en prendre possession, de réifier leur corps pour mieux les salir, les anéantir. Ressentant ce corps violé et violenté comme un corps abject, la femme intériorise alors une image honteuse d’elle-même qui la maintient dans le silence, la culpabilité.
Les violences faites aux femmes ne sont pas simplement la conséquence d’une perte de contrôle de la part des hommes ; elles leur permettent également d’exercer une forme de contrôle social. Les femmes ne doivent plus sortir seules, s’habiller légèrement, sous peine d’être agressées, mises en lambeaux
, pour reprendre le titre de cet ouvrage. Les violences sexuées et sexuelles exercées sur les femmes ont longtemps été occultées, déniées afin de perpétuer la domination masculine.
Pour mener à bien leur enquête, les auteurs ont donc désigné les différentes formes de violences sexuées et sexuelles, émaillées d’importantes brutalités, avant d’analyser leur mise en exposition médiatique. Enfin, ils ont rendu compte du travail de parole, auprès des victimes comme auprès des auteurs de violences. Le pari est d’importance : retrouver l’usage d’une parole qui permettrait à Eros de remporter son combat sur Thanatos
, souligne avec justesse Laurie Laufer, psychanalyste.
Le corps en lambeaux. Violences sexuelles et sexuées faites aux femmes, sous la direction de Lydie Bodiou, Frédéric Chauvaud, Ludovic Gaussot,
Marie-José Grihom et Myriam Soria, Presses universitaires de Rennes, 2016.
Avec le soutien de l’Université de Poitiers et de la MSHS (Maison des sciences de l’homme et de la société) de Poitiers.