Pour son cinquantenaire (2006), la Fnars – Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale -, qui travaille auprès des plus démunis, vient de publier le livre de ses États généraux. Exclusion, précarité, logement, prison, travailleurs pauvres, femmes victimes de violences sont parmi les thèmes abordés, mais aussi prostitution.
Crise économique, chômage, précarité en Europe centrale et orientale, immigration… les raisons de nourrir les rangs de la prostitution n’ont pas manqué ces dernières années. La répression croissante des personnes prostituées dont les histoires demeurent toujours, pour la Fnars, faites d’abandon, de mauvais traitements, d’exclusion
, a par ailleurs imprimé sa marque sur le paysage.
L’expérience de terrain des associations adhérentes de la Fnars (qui fédère au plan national 750 associations et organismes publics gérant ensemble près de 2200 établissements et services) permet de dégager les tendances récentes : une prostitution plus cachée, plus diffuse et plus nomade, un rajeunissement des personnes prostituées – avec des mineures -, une augmentation de la prostitution masculine, notamment chez les jeunes, une visibilité croissante de la traite des êtres humains dans de nouvelles régions, enfin une montée des violences et de l’isolement des personnes prostituées.
Consciente des situations concrètes engendrées par la prostitution et de l’urgence d’agir, la Fnars avance une série de propositions :
- Abroger la pénalisation du racolage (loi sur la sécurité intérieure), qui a accru les risques de violence et d’exclusion et est en contradiction avec les engagements internationaux de la France.
- Créer un observatoire national qui rende compte de la réalité, les données actuelles étant dépassées.
- Faciliter l’intervention sociale. Développer des actions de rue dans tous les départements afin d’aller au-devant des personnes prostituées et permettre que celles qui le demandent puissent bénéficier d’un accompagnement social adapté.
- Assurer une aide renforcée et des places sécurisées, réparties sur tout le territoire, pour les victimes de la traite des êtres humains.
- Mettre en œuvre une politique publique globale, une action interministérielle qui intègre et coordonne les différentes actions d’aide aux personnes prostituées et de lutte contre la traite.
- Garantir des financements
clarifiés, augmentés et stabilisés
. - Organiser des rencontres et mettre en place des coordinations locales, pour regrouper et coordonner les différents acteurs de terrain qui visent à améliorer l’accompagnement des personnes prostituées surtout là où il n’existe pas de service spécialisé.
- Développer des campagnes de prévention, notamment auprès des jeunes, sur le modèle de celles qui ont pu être menées sur les violences conjugales par exemple.