France : les partis politiques et la prostitution

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Le point sur les principaux partis politiques français et leurs déclarations sur la prostitution.

Parti communiste français

Le parti communiste a adopté officiellement une position abolitionniste dès 2001.
Rappelons qu’une proposition de loi relative à « l’exploitation sexuelle et à la protection des victimes » a été déposée par le Groupe des député-e-s communistes et républicains en avril 2006. Lire notre interview de Nicole Borvo.

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Elle conjugue sensibilisation des clients, éducation, information et prévention.
Le PCF est le parti qui a pris la position abolitionniste la plus claire.

Marie-George Buffet a déclaré, dans l’Humanité-Dimanche du 23-29 novembre 2006 (numéro spécial sur les violences conjugales) :

Il faut davantage informer les clients potentiels de ce trafic (…) et pénaliser ceux qui, malgré tout, y ont recours. La prostitution est une violence et à mes yeux, aucune violence ne peut faire exception.

Les Verts

Un paragraphe dans la partie « Pour des droits effectifs » du chapitre « Les mêmes droits pour tou-te-s sur tout le territoire.. » du programme pour les présidentielles de 2007 propose de « mettre fin à l’hypocrisie de notre société concernant la prostitution » :

Les prostitué-e-s doivent ne plus être stigmatisé-e-s et réprimé-e-s, mais accéder au droit commun, comme tou-t-e citoyen-ne. Ce sont les réseaux de proxénètes qui doivent être très durement sanctionnés et les clients sensibilisés.

Il s’agit donc de garantir aux prostitué-e-s l’accès à tous les droits sociaux, de supprimer toutes les mesures de répression, d’éloignement et de stigmatisation les concernant et d’abroger la Loi de sécurité intérieure, de favoriser leur formation/reconversion quand ils/elles le désirent, pour les victimes de la traite également et ce sans dénonciation du proxénète, etc., et de mettre les moyens nécessaires pour lutter efficacement contre l’exploitation et la violence subies par les prostitué-e-s.

« Une loi cadre contre les violences de genre » énumère les violences physiques ou morales, viols, incestes, harcèlement au travail, mariages forcés, mutilations, etc., et dénonce les « violences multiformes qui font système et révèlent la domination masculine et l’infériorisation des femmes« . On ne trouve nulle mention de la prostitution comme violence de genre.

Le texte des Verts est le reflet du compromis obtenu entre abolitionnistes et réglementaristes après des débats houleux. Il évite donc soigneusement de préciser les moyens à mettre en œuvre, pour « lutter efficacement contre l’exploitation et la violence subies par les prostitué-es« .

Parti socialiste

La question de la prostitution est abordée dans la partie III du programme socialiste pour les présidentielles 2007, « Refonder la République« , au chapitre intitulé « L’égalité active« .

Il entre dans la partie consacrée aux »politiques spécifiques pour restaurer l’Égalité républicaine« , au même titre que la lutte contre les discriminations, l’aide aux personnes handicapées, etc. :

Au rang de la lutte contre toutes les formes d’exploitation commerciale de la personne humaine en général et des plus faibles en particulier, nous considérons que la prostitution et son organisation à travers des réseaux mafieux doivent être sévèrement combattues en mettant en cause, notamment, la responsabilité des clients.

Une proposition de loi « relative à la lutte contre le système de la prostitution et aux droits des victimes » a été déposée le 4 juillet 2006 par certains membres du Groupe socialiste, menés par Christophe Caresche et Danielle Bousquet.

Son art. 1 propose de pénaliser les clients de la prostitution de 3750 € d’amende.

Le fait de voir apparaître « la responsabilité des clients » représente une victoire à l’arraché (voir notre interview de Laurence Rossignol, déléguée aux droits des femmes du PS). On sent toutefois la grande timidité, de l’engagement du PS sur la question de la prostitution.

UMP

Le mot « prostitution » n’apparaissait nulle part dans le programme des présidentielles de l’UMP. Sur la question des droits des femmes, le parti se réfère à une proposition de loi, déposée en 2004 visant à assurer leur respect et à lutter contre les violences conjugales et le sexisme. Il n’est pas fait mention de la prostitution.

Sous la mandature UMP, le sujet a été abordé sous l’angle de la répression : le 18 mars 2003 la loi dite sur la sécurité intérieure a créé le délit de racolage passif à l’encontre des personnes prostituées. Le 8 juin 2006, Nicolas Sarkozy se félicitait des « 13 862 délits de racolages constatés » et des « 12438 personnes » placées en garde à vue dans ce cadre.

À l’image de son candidat, l’UMP ne souhaite pas s’en prendre à la prostitution mais à sa visibilité. La loi sur le racolage représente un retour en arrière qui a amené les prostitué-e-s, de facto considéré-e-s coupables, à devoir se cacher.

Front national

Si l’on se réfère à son programme 2002 (le programme pour les présidentielles 2007 ne dit mot de la prostitution), le Front national proposait de soumettre les personnes prostituées à un dépistage obligatoire des IST, suivant en cela une ligne réglementariste.