La gueule du loup

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Tronchet livre une bédé-roman tendre et sarcastique, portée par une jolie galerie de personnages.

Au fil des huit tomes consacrés aux aventures et malheurs de son anti-héros, Jean-Claude Tergal, Didier Tronchet a exploré avec sensibilité les confins de l’échec amoureux, de la solitude et de la tendresse, maniant un humour aussi affùté que la critique sociale toujours présente en toile de fond.

Annonce

Quoique La gueule du loup, souligné au dos de l’album d’un «Jusqu’où iriez-vous par amour?», est une démarche inédite dans la carrière de Tronchet par sa forme (un long récit), on y retrouve ces qualités : Tronchet détruit le mythe de la « misère sexuelle » en illustrant qu’il s’agit bien plus de solitude et de misère relationnelle, des plaies non guérissables par les « speed dating » – ni par … le recours à la prostitution, ajouterons-nous.

On apprécie également la peinture réaliste d’un club échangiste où loin « d’échanger » quoi que ce soit, les hommes fortunés viennent seuls consommer de jeunes femmes « payantes ».

Sans grande originalité, le personnage pris « dans la gueule du loup » est une jeune fille roumaine … mais Tronchet évite le misérabilisme pour cerner l’inhumanité de « l’accueil » réservé, en France, aux migrant-e-s les plus fragilisé-e-s.