La Chambre des Communes britannique a voté le 19 mai 2009, en troisième lecture, une loi pénalisant les clients prostitueurs.
Le gouvernement a certes reculé puisqu’un amendement final a affaibli la portée du texte, qui prévoyait initialement de pénaliser les clients de personnes dont les gains sont contrôlés par une tierce personne
[[ Controlled for gain by a third party
.]]. Le texte adopté ne prévoit plus que de s’attaquer à ceux qui sont « clients » de personnes prostituées soumises par la force, la tromperie ou les menaces
.
Cette réduction du champ d’application de la loi, alliée à la difficulté de prouver l’usage de la force ou de la tromperie, laisse présager une faible application du texte.
La Finlande, qui a succombé au même réflexe ultime de protection des « clients » en adoptant ce type de mesure en 2005, a semble-t-il engagé peu de poursuites.
Reste qu’un pas a été fait. L’Europe se trouve ainsi partagée entre le « modèle suédois » (Suède, Norvège, Islande) qui pénalise tout achat d’acte sexuel et le « modèle finlandais » beaucoup plus restrictif (Finlande, Grande-Bretagne).
Toutefois, la montée d’une forme ou d’une autre de pénalisation des prostitueurs est le signe d’une prise de conscience : celle de leur responsabilité dans l’accroissement du marché de la prostitution et de la traite.
Même les Pays-Bas, qui tiennent à l’importante source de profits que constitue la prostitution, considérée comme un « atout touristique », réfléchissent actuellement à une forme de pénalisation des « clients » des personnes prostituées illégales (elles-mêmes pourchassées en tant qu’immigrantes clandestines) au motif qu’ils maintiendraient ainsi une forme de prostitution susceptible de nourrir l’abus et l’exploitation.
L’impunité totale des hommes prostitueurs, confortés depuis des siècles dans un comportement dégagé de toute responsabilité humaine et sociale, serait-elle en train de prendre fin ? On espère voir là l’amorce d’un changement de fond des politiques sur la prostitution.