Dans cette plaque tournante de la traite des êtres humains qu’est la Grèce réglementariste, de jeunes femmes prostituées sont aujourd’hui l’objet d’une dérive fascisante. Placées en détention provisoire pour séropositivité, poursuivies pour « tentatives de lésions corporelles graves », exposées à la vindicte suite à la publication dans les medias de leur identité et de leur photo, elles incarnent en effet une image du diable qui semble héritée du moyen-âge.
L’affaire en dit long sur des mentalités encore à l’œuvre : la prostitution est là pour garantir les « droits » du client prostitueur et de lui seul. C’est lui, par nature innocent, qu’il convient de protéger. Tant pis pour les femmes outils mises à leur disposition. Tout pèse sur les seules épaules des « pècheresses » : la responsabilité de la maladie et de sa transmission.
Mais qui donc a transmis le VIH à ces femmes ? Nul ne songe seulement à se poser la question. Tout est dit sur la logique prostitutionnelle et sur une politique réglementariste qui la légitime. Des femmes en situation de précarité et de vulnérabilité sont jetées en pâture à des hommes qui ont le pouvoir de l’argent et donc celui d’imposer des rapports sans préservatifs.
Ces femmes en danger de mort, le plus souvent déjà victimes de la traite des êtres humains, sont des boucs émissaires tout trouvés sur qui faire peser l’angoisse collective. On frémit de voir le nouveau siècle aussi porté à l’archaïsme. En la matière, en Grèce comme ailleurs, les personnes prostituées sont toujours en première ligne.
On peut envoyer sa signature de protestation aux féministes grecques.