Albanie : oui au tourisme culturel, non au tourisme sexuel

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Sensibiliser les médias est une voie qui pourrait, ailleurs et pourquoi pas en France, utilement être imitée.

Longtemps cachée derrière le rideau de fer, l’Albanie sort peu à peu de l’oubli. La présence de réseaux de proxénètes et de trafiquants particulièrement durs, l’augmentation vertigineuse de la prostitution, la pauvreté, l’archaïsme culturel, tout fait a priori du pays, doté par ailleurs de rivages enchanteurs, un lieu d’origine et de transit de la traite mais aussi une future plaque tournante européenne du tourisme sexuel. Des pressions de plus en plus fortes se font sentir de la part de nouveaux « entrepreneurs » pressés d’ouvrir des maisons closes pour mettre en vente le sexe des femmes, denrée particulièrement rentable, et assurer ainsi l’avancée économique du pays…

C’est consciente de l’avenir radieux ainsi proposé aux jeunes albanaises et à leur pays que la journaliste Briseida Mema a décidé, avec son réseau de femmes journalistes, de tout tenter pour enrayer cette logique folle. Avec la CATW[[Coalition contre la traite des femmes.]], elle a mis sur pied du 9 au 11 novembre dernier, à Tirana, la capitale, un colloque original destiné à des acteurs clé, les médias. L’idée ? Rassembler journalistes et personnalités politiques pour obtenir d’eux l’engagement de promouvoir le tourisme culturel et de prévenir le tourisme du sexe.

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Le travail est de longue haleine. En sensibilisant des journalistes des différentes régions albanaises mais aussi du Kosovo, de Macédoine, du Monténégro, de Grèce ou d’Italie, le réseau des femmes entendait les encourager à respecter un code de conduite et à mettre un terme à la promotion de l’exploitation sexuelle dans les articles et reportages. Dans le même temps, il est parvenu, grâce à ce colloque, à réunir des personnalités politiques de différents partis, des députés et le ministre du tourisme lui-même qui s’est engagé dans le même sens. La présidente du Parlement albanais a même affirmé vouloir mettre en avant la question des clients afin de lutter contre la traite, voire proposer une loi les concernant.

Certes, ces engagements ne suffiront pas à assurer à l’Albanie un avenir exempt de prostitution. Mais l’initiative mérite d’être soulignée. Sensibiliser les médias, notamment, est une voie qui pourrait, ailleurs et pourquoi pas en France, utilement être imitée.