Déclaration de Mayence : l’Etat allemand doit fermer les bordels et respecter la loi internationale !

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Au troisième congrès mondial contre l’exploitation sexuelle des femmes et des filles, qui s’est déroulé à  Mayence (Allemagne), du 2 au 5 avril, près de 300 activistes et survivantes de la prostitution, se sont réuni·es pour demander que le modèle abolitionniste soit adopté partout dans le monde. Organisé par CAP international, son association membre Solwodi et A+G (Association de santé), le congrès a fait un focus particulier sur la situation en Allemagne. Une déclaration a été adressée à  la chancelière Angela Merkel et au Parlement pour qu’ils respectent enfin la loi internationale et adoptent le modèle abolitionniste.

Le Congrès a commencé le 2 avril avec l’arrivée de la marche des survivantes, initiée par Rosen Hicher et soutenue par les associations, devant la gare de Mayence. Aux survivantes françaises et allemandes, se sont jointes les survivantes internationales venues pour le congrès.
Une manifestation a alors commencé, allant de la gare à  l’institut français où s’est déroulée une conférence de presse, en s’arrêtant devant le grand bordel « Das Crazy », à  proximité de la gare.

Moment très émouvant où la douzaine de survivantes et les militantes et militants ont scandé des slogans abolitionnistes tels que « Stop sexkauf » (stop à  l’achat de sexe), « les femmes ne sont pas des marchandises » ou encore « respectez notre dignité » (voir vidéo ci-dessous)

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Pendant deux jours, à  l’université Johannes Gutenberg, de nombreuses intervenantes et intervenants ont pris la parole, pour demander l’application du modèle nordique. On notera en particulier la force des interventions des survivantes de la prostitution.

Les survivantes, une voix qui porte

En premier lieu, Sandra Norak, qui a connu la prostitution 6 ans à  cause d’un « loverboy », un homme dont elle était d’abord amoureuse et qui l’a exploitée, et qui aujourd’hui dénonce sans relâche le système prostitueur. Ainsi, la semaine précédent le congrès, son témoignage avait été diffusé dans une émission phare de la télévision allemande ARD, et vue par plus de 6 millions de spectateurs/trices.


Rachel Moran, survivante irlandaise, a saisi l’auditoire en montrant à  quel point l’indifférence suscitée par un climat de banalisation de la violence, était ce qui, dans le système prostitutionnel, comme dans d’autres grands crimes de l’histoire (guerre en Irlande, esclavage, nazisme), rendait possible que se perpétuent si longtemps des systèmes de violation des droits humains.

Mickey Meji a rappelé que la prostitution « n’est ni du sexe ni du travail. Aucune femme que j’ai rencontrée dans mes années de prostitution ne le considérait comme du travail. Elles enduraient la souffrance de la prostitution pour soutenir leur famille ».

Amelia Tiganus, survivante roumaine vivant en Espagne où elle a été vendue à  un proxénète à  18 ans, a fait un discours extrêmement émouvant et juste, décrivant le bordel et la prostitution comme son « camp de concentration ».

Marie Merklinger, survivante allemande, qui milite dans le Baden-Wà¼rtenberg (pays où le SPD, parti socialiste, a pour la première fois récemment pris position pour le modèle nordique), a rappelé que l’Allemagne violait le premier article de sa constitution qui garantit, dans la lignée du philosophe Emmanuel Kant, la dignité humaine ».

La légalisation fait exploser la traite des êtres humains

Outre les survivantes, des personnalités et activistes abolitionnistes allemandes et du monde entier sont intervenues.

Alice Schwarzer, figure du féminisme allemand, a ouvert le congrès en soulignant à  quel point l’Allemagne était devenu le « hub » du trafic d’êtres humains

Manfred Paulus, ancien responsable de la police chargé de la traite des êtres humains, a souligné que les principaux bénéficiaires de la législation allemande étaient les proxénètes et les trafiquants.

Melissa Farley, féministe abolitionniste et chercheuse états-unienne qui est l’une des premières à  avoir documenté les ravages de la prostitution, a exposé devant le public les premiers résultats de son enquête, auprès des « clients » prostitueurs. Enquête dans 5 pays qui montre que les hommes qui achètent des femmes du sexe ont une plus grande probabilité d’être des violeurs. Et qui rapporte cette parole de « client », montrant la volonté de ceux-ci de ne pas voir.
« Si je ne vois pas une chaîne à  son pied je considère qu’elle a fait le choix d’être la »

Enfin, Claire Quidet porte-parole du Mouvement du Nid, a pu présenter la loi française, et le récent combat des abolitionnistes pour qu’elle ne soit pas déclarée inconstitutionnelle suite à  une offensive des adversaires de la loi du 13 avril 2016.

Que l’Allemagne cesse de violer ses engagements internationaux

A la fin de ces témoignages, enquêtes, comparaisons de modèles, l’ensemble des congressistes ont adopté la déclaration de Mayence, qui est ouverte à  signatures, d’organisations et individuelles.
Il s’agit d’une lettre ouverte à  la chancelière allemande, ainsi qu’au parlement, leur demandant :
-de fermer les 500 bordels dans lesquels des femmes sont exploitées
-de pénaliser les « clients »
-de recevoir une délégation des signataires, dont de très nombreuses survivantes, avant la fin du mois de mai.

La déclaration complète est disponible pour signature ici
Mainzer Erklà¤rung ->https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLScl1P3_BYSiy8MK8yeRcCIyoYAGMGxsItfqYo-21Poyd9clzQ/viewform

En français pour la lecture sur le site du Mouvement du Nid