La clause de l’Européenne la plus favorisée : Le meilleur de l’Europe pour les femmes

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C’est l’exigence de l’avocate Gisèle Halimi et de son mouvement Choisir la cause des femmes. « Niveler », Choisir est pour, mais à condition de niveler par le haut! Notamment en optant, sur la question de la prostitution, pour une loi pénalisant les clients prostitueurs, à l’image de la Suède.

« L’Europe que nous voulons sera enfin celle qui restaurera dans chaque pays la dignité des femmes en luttant contre les violences qui leur sont faites – violences conjugales, viol et prostitution. »

La déclaration a le mérite de la clarté. Et l’idée, originale, est en même temps toute simple. Choisir a recensé et comparé dans les vingt-sept pays de l’Union européenne les lois concernant les femmes, dans les domaines de la vie privée (procréation et famille), du travail et de la participation au pouvoir politique. Pour en retenir le meilleur et confectionner un « bouquet législatif ».

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Quatorze de ces lois ont été retenues, traitant de vie familiale, des droits sexuels et reproductifs, de la lutte contre les violences, de la vie professionnelle et de la parité politique. Quatorze lois favorables aux femmes qui, dans les rêves les plus fous de Choisir, devraient s’appliquer aux 253 millions de citoyennes européennes.

Le fait même que la prostitution figure au nombre des sujets les plus décisifs pour le statut et la dignité des femmes ne pouvait que retenir notre attention. La Suède est donc distinguée pour sa loi de 1999 qui interdit l’achat de « services sexuels » et pénalise les clients prostitueurs sans pénaliser les personnes prostituées.

D’une façon générale, les pays du Nord s’illustrent. Ainsi, les Pays-Bas, mauvais en matière de prostitution, comme le prouve l’explosion de la traite des femmes et de la criminalité qui a suivi la légalisation de la prostitution en 2000, brillent en revanche quand il s’agit de contraception et de congé parental.

Pour l’éducation à la sexualité, c’est le Danemark qui l’emporte avec ses interventions dès l’école primaire. La Lituanie, rarement mise en valeur, présente le meilleur dispositif de lutte contre le harcèlement sexuel. Au Sud, l’Espagne a produit un travail exemplaire sur les violences conjugales, accompagné d’une lutte contre les stéréotypes machistes à l’école. Quant à la France, même si rien n’est parfait, elle marque des points pour ses lois portant sur le viol et sur le travail des femmes.

Ces exemples composent une partie de ce que Choisir a dénommé joliment la Clause de l’Européenne la plus favorisée. À un an des élections européennes, reste à convaincre député-e-s et commissaires européens d’harmoniser leur cocktail législatif pour faire la part belle à ces propositions. La partie sera sans doute serrée même si le commissaire européen chargé de l’Emploi et des Affaires sociales, Vladimir Spidla, avait déclaré en 2006 que ce projet pourrait aisément être lié à la feuille de route 2006 – 2010 pour l’égalité entre les hommes et les femmes. La présidence française de l’Union européenne, de juillet à décembre 2008, est en outre une opportunité à ne pas négliger.

Pourquoi ne pas imaginer, dans un bel élan d’optimisme, que cette présidence soit un tremplin pour le renouveau d’un abolitionnisme qui semble compter de plus en plus d’adeptes dans notre pays?

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Claudine Legardinier
Journaliste indépendante, ancienne membre de l’Observatoire de la Parité entre les femmes et les hommes, elle recueille depuis des années des témoignages de personnes prostituées. Elle a publié plusieurs livres, notamment Prostitution, une guerre contre les femmes (Syllepse, 2015) et en collaboration avec le sociologue Saïd Bouamama, Les clients de la prostitution, l’enquête (Presses de la Renaissance, 2006). Autrice de nombreux articles, elle a collaboré au Dictionnaire Critique du Féminisme et au Livre noir de la condition des femmes.