C’est fait. Après une décennie de débats, la Knesset a voté le 31 décembre 2018 une loi de lutte contre la prostitution qui introduit les amendes imposées aux clients prostitueurs. Une fois de plus, le long travail qui a mené au vote a été porté majoritairement par des femmes, des députées de droite comme de gauche.
Votée à l’unanimité, la nouvelle loi repose sur les mêmes fondements que la loi française : les personnes prostituées ne sont pas punissables. Le texte prévoit pour les « clients » une amende de 2000 shekels (465 euros) dont le montant pourra être doublé en cas de récidive. La loi devrait entrer en vigueur dans 18 mois, soit au 1er juillet 2020, quand l’Etat aura mis en place des mécanismes permettant aux personnes qui désirent quitter la prostitution de trouver des alternatives.
Israël rejoint donc la Suède (1999), la Norvège, l’Islande (2009), le Canada (2014), l’Irlande du Nord (2015), la République d’Irlande (2017) et la France (2016) qui ont adopté des lois abolitionnistes pénalisant les « clients » dans le but de décourager le recours à la prostitution : des pays dirigés par des partis politiques différents, voire opposés (gauche en Suède et en France, droite en Israël), mais qui, en la matière, sont parvenus à former des majorités transpartisanes.
Selon un rapport publié en Israël en 2016, le secteur aurait généré près de 300 millions d’euros de revenus en 2014. Environ 43 % proviendrait de la prostitution en appartements, 18 % des « services d’escortes », 16 % des salons de massage, 18 % des clubs de strip-tease et 6 % de la rue. Le rapport évaluait à 12.000 le nombre de femmes prostituées dans le pays, dont 62 % ayant des enfants (pour 1000 hommes). 76 % désireraient sortir de la prostitution. « Tous les jours, je veux mourir de ce travail », déclarait l’une d’entre elles.