Un nouvel élan abolitionniste

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Suite à la décision de la CEDH, notre dossier (Prostitution et Société n°221) est consacré au nouvel élan abolitionniste à l’oeuvre dans le monde.

En juillet, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), a validé, à l’unanimité, la loi française instaurant l’interdiction d’achat d’acte sexuel. Elle a estimé que la pénalisation des « clients » ne violait aucun article de la Convention européenne des droits de l’homme (humains). C’est une immense victoire et un soulagement pour les survivantes de la prostitution. Et c’est un signe des progrès constants de l’abolitionnisme depuis une décennie. 

Cinq ans après notre dossier « Le Printemps abolitionniste » qui faisait suite à la validation de la loi par le Conseil Constitutionnel, c’est l’occasion de revenir sur l’état de l’abolitionnisme mondial. Début juin, le 4e congrès de CAP international contre l’exploitation sexuelle des femmes et des filles nous a par ailleurs donné de nombreuses informations sur l’état d’avancement des politiques abolitionnistes à travers le monde. 

Annonce

La voix et les actions fortes des survivantes contribuent fortement à changer la donne. Elles plaident inlassablement pour l’adoption du modèle abolitionniste, et leur soulagement après la décision de la CEDH a été puissant, nous y reviendrons. 

Reste encore à gagner la bataille de l’opi- nion, pour faire reculer – notamment dans les médias – l’usage incorrect et contraire au droit international de l’expression « travail du sexe ». Et à faire que la prostitution soit enfin considérée comme inacceptable socialement, à l’instar des violences conjugales et du viol. 

Un dossier écrit par Stéphanie Caradec, Sandrine Goldschmidt et Claudine Legardinier

Sommaire du dossier un nouvel élan abolitionniste

A télécharger en intégralité ici PS221-Dossier elan abolitionniste )

VICTOIRE À LA CEDH : LA LOI DE 2016 CONFORTÉE 

Le 25 juillet, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a jugé la loi française interdisant l’achat d’acte sexuel en accord avec la Convention européenne. Une grande victoire. 

« Ce que vise la loi abolitionniste, c’est pas de dire aux femmes : sors de la prostitution maintenant ! … Et on dit au client que ça n’a pas de sens de monnayer le consentement sexuel d’une femme. Parce que le problème c’est la demande ».

Valérie (Extrait La Vie en Rouge)

LES SURVIVANTES, À LA POINTE DU COMBAT ABOLITIONNISTE MONDIAL 

Au congrès de Montréal début juin et à travers des initiatives mondiales, la voix des survivantes monte en puissance. Elles sont de plus en plus nombreuses à porter l’abolitionnisme dans leur pays et à l’international. 

Site du congrès mondial contre l’exploitation sexuelle, à Montreal

L’ABOLITIONNISME EN PROGRÈS DANS LES INSTANCES INTERNATIONALES 

Conseil des droits de l’homme de l’Onu, Parlement européen… Même si les textes sont sans portée contraignante, les deux grandes instances internationales affichent un positionnement fort en faveur de l’approche abolitionniste : un choix résolument féministe qui entend promouvoir l’égalité femmes hommes et protéger la dignité des filles et des femmes en Europe et dans le monde. 

UN TERRAIN FAVORABLE EN EUROPE 

Alors que l’Europe est le continent sur lequel il y a le plus de pays abolitionnistes, plusieurs pays pourraient basculer en faveur de l’abolitionnisme dans les prochaines années, y compris parmi les anciens héraults de la légalisation, comme l’Allemagne. 

CONCLUSION 

L’abolitionnisme progresse donc. En dix ans, trois pays l’ont adopté. En un an, le Parlement Européen et l’Onu ont pris des positions courageuses vers le modèle abolitionniste. 

Pour autant, la « bataille culturelle », visant à faire reconnaître la prostitution comme une violence et à invalider définitivement l’idéologie du « travail du sexe », censé déstigmatiser, mais qui en réalité nie et rend invisible la violence, est loin d’être gagnée. À cela d’autres périls s’ajoutent. La montée de l’extrême-droite, l’inaction politique volontaire, les mensonges et la désinformation, enfin la prostitution filmée (pornographie) qui est omniprésente, notamment chez les mineur·es. 

Pour toutes ces raisons, nous apprécions, aux côtés des survivantes, la victoire à la CEDH qui nous donne de la force, pour poursuivre l’effort, pour accompagner les trop nombreuses victimes et continuer à demander, malgré tous les obstacles, la mise en œuvre pleine et entière d’une loi dont nous savons d’expérience que là où elle est bien appliquée, elle peut changer des vies.