Remettre le monde à l’endroit

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Remettre le monde à l’endroit : point sur les i concernant la « prostitution des mineures », des enfants.

Si la prostitution des mineures est constamment dans les médias, la couverture du sujet a pour angle mort le trou béant qui existe entre la vie d’un enfant et celle des adultes ainsi que le rôle des adultes et de la société entière dans la construction et la protection des enfants.

On nous rebat les oreilles avec les chiffres accablants (20 000 enfants victimes ?) et les risques accrus présentés par les réseaux sociaux. On réfléchit aux facteurs de risque et à la population visée en mettant l’accent sur l’adolescente en situation difficile. 

Annonce

Les images choisies et le discours mentionnent des jeunes filles vulnérables comme si la vulnérabilité était la cause du problème et son explication. Leur vulnérabilité est présentée comme une porte d’entrée vers la prostitution… alors qu’en réalité elle n’en est que le moyen. Mais les enfants sont vulnérables, par définition ! Ce sont les adultes qui les exploitent. 

Les enfants ne font qu’évoluer dans la société que nous, les adultes, créons. Et ce sont les adultes qui voient en eux des proies faciles et opportunes et abusent de leur vulnérabilité. 

Les adultes gagnent de l’argent, connaissent le coût psychologique et humain de leurs actions, la stratégie de l’agresseur, le besoin dans l’adolescence de se sentir important, vu, valorisé. Ils savent la difficulté de cette période de la vie qu’ils ont déjà vécue. Surtout, ils savent mille fois plus de choses que les enfants sur la sexualité. 

Ne nous méprenons pas : les enfants mis en situation de prostitution ne sont pas idiots, ou incapables d’accomplir des choses merveilleuses, ce n’est pas cela qu’on dit. Mais il faut du temps et de l’expérience pour apprécier l’existence du bien et du mal, la réalité de l’humanité et la bonté et la saleté humaine. Quand les expériences fondamentales d’un enfant tournent autour de personnes qui les considèrent comme des proies faciles pour leurs idées perverses, on ne peut pas construire un autre monde dans sa tête et, oui, on est sur-vulnérable. La vulnérabilité n’autorise pas les adultes à faire n’importe quoi. Depuis quand être vulnérable autorise l’autre (adulte ou enfant) à traiter un être humain comme un objet ou un moins que rien ? 

Comme il est facile de trouver des annonces sur internet et de contacter « comme si de rien n’était » un proxénète ou un enfant, ou de trouver du contenu pédocriminel ! On dirait presque une pêche à la ligne de canard à la fête foraine. La prostitution des enfants en France, ce sont des chiffres faramineux mais pour chaque enfant, combien d’adultes pédocriminels et violeurs ? 

Le monde à l’endroit

Pour chaque vidéo sur internet, combien d’hommes pervers à se masturber ? Combien d’adultes qui se sont dit que c’était acceptable ? Combien d’adultes pour s’exciter sexuellement exclusivement quand c’est une situation de contrainte ? Combien d’adultes se sont dit que ce n’est pas grave parce qu’ils lui donnent de l’argent de poche, lui qui n’a même pas l’âge d’être embauché pour un travail rémunéré ? Combien d’adultes se sont confortés dans leur choix en se disant qu’elle était « consentante » par la simple présence de l’enfant ? Combien d’adultes pour gâcher la vie des adultes de demain pour satisfaire leur perversité ? 

La vulnérabilité des enfants n’est pas leur responsabilité et ils et elles n’en ont d’ailleurs souventpas conscience, surtout pendant l’adolescence. Pourtant, ils et elles sont physiquement et psychologiquement différents des adultes. Il nous appartient de dire la vérité, pour remettre les adultes à leur place et regarder bien en face nos obligations et responsabilités et notre société. 

Il faut remettre le monde à l’endroit ! 

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