Il a longtemps été impensable de prétendre mettre en doute la « libération sexuelle » induite par la pornographie. Depuis, les langues se sont déliées. Et le constat est alarmant. À son tour, la journaliste Agathe Fourgnaud entreprend de dénoncer le « nouvel ordre porno-consumériste » et ses ravages sur les nouvelles générations.
Depuis qu’en 1985, Canal+ a obtenu de pouvoir diffuser des films pornographiques, la culture porno est entrée dans les foyers. Aujourd’hui, la télé diffuse plus de 11000 films porno par an et plus d’un million d’abonnés ont accès à XXL, l’une des chaînes les plus rentables du PAF.
Démultipliée par les progrès techniques, vidéos, DVD, cette « culture » a envahi la publicité, les média et l’ensemble de notre environnement. Les magazines pour ados prônent désormais les vertus de l’échangisme et un langage clinique signe une déconnection croissante entre le sexe, les sentiments et les émotions.
À l’heure où le genre connaît une escalade vers la violence et la barbarie, où l’idée de relation disparaît derrière le goùt de la performance technique, où les enquêtes montrent que 80% des garçons de 14 à 18 ans ont vu au moins un film porno dans l’année écoulée (un sur quatre devenant un spectateur assidu), il est urgent d’en mesurer les conséquences.
Sous couvert de « liberté », l’usage de la pornographie crée de nouvelles formes d’aliénation, de nouveaux carcans et des troubles du comportement sexuel. Une pression normative sans précédent emprisonne les jeunes générations.
Sur certains enfants exposés au spectacle pornographique, on sait désormais que les conséquences peuvent rappeler celles des victimes de violences sexuelles. De plus, on constate un rajeunissement des auteurs de violences sexuelles et, dans les cabinets des gynécologues, des réticences grandissantes, voire des refus, des adolescentes et des jeunes femmes vis à vis de la sexualité.
Parallèlement, s’installe un climat social où les relations hommes/femmes, formatées sous l’angle consumériste, font craindre une instrumentalisation généralisée.
Face à ces constats accablants, Agathe Fourgnaud tient tout de même à souligner que les parents capables de répondre aux deux besoins fondamentaux des adolescent-e-s, la présence et l’écoute, sont à même d’éviter le pire. La consommation de pornographie est aussi liée à un manque de repères.
Si aucune donnée n’est vraiment une révélation, ce petit livre permet d’engager une réflexion utile. Reste à trouver ensuite les outils pour contrer cette logique consumériste propice à la marchandisation des corps.