Transe

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En Russie, une jeune femme, Sonia, échoue à sortir la tête de l’eau. Elle tente de chercher l’air qui lui manque en Occident.

En Allemagne, un compatriote de la jeune femme la repère tandis qu’elle travaille au noir comme femme de ménage. Il manœuvre pour se saisir d’elle et la vend à deux maquereaux, qui l’emmènent jusqu’à un bordel italien. Puis Sonia est loué à un riche Portugais.
Teresa Villaverde, caméra vrillée sur le visage de l’actrice Ana Moreira, qui interprête Sonia avec ferveur, filme pesamment la destruction de la jeune femme.

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Teresa Villaverde, citant une autre Thérèse, d’Avila – « L’enfer, c’est comme un chien qui aboie dehors » – indique son intention de cinéaste: «Nous sommes au début du XXIe siècle et les chiens aboient de tous les côtés. Nous n’en avons toujours pas fini avec la torture, l’esclavage ou les génocides (…) Nous vivons à une époque où rien n’est acquis, où tout peut tomber en morceaux. Ce film, c’est un de ces morceaux qui est tombé».

Au nombre de ses réussites, Transe offre une admirable restitution de la réalité du système prostitutionnel en tant qu’entreprise de déshumanisation rationnalisée. Les scènes se passant dans le bordel italien, établissement minable et sordide où des hommes viennent acheter de la marchandise humaine, sont exemplaires. Villaverde réussit de manière saisissante à donner à voir des corps d’où l’esprit a été chassé, des coques vides mécaniquement animées.

Les derniers moments de Transe, en revanche sont moins convaincants, se déroulant dans une ambiance de conte de fée horrifique et accumulant les scènes de barbarie. Le spectateur, le cœur au bord des lèvres, est de plus désorienté par une mise en scène conçue pour lui faire partager l’égarement de Sonia, rendue folle par les tortures subies.

Deux audaces à saluer: Sonia n’est pas capturée en Russie et amenée en Europe illégalement par de méchants passeurs; elle entre de son plein gré en Allemagne, munie de son passeport en règle, et c’est l’absence de permis de travail qui la mettra à la merci de ses tortionnaires. Ceux-ci pretextent d’ailleurs une visite surprise de l’inspection du travail pour l’embarquer.

Enfin, Transe n’oublie pas les hommes prostitueurs, montrant largement leur complaisance, leur aveuglement volontaire, leur responsabilité dans ce crime.