Payez 70 euros et servez-vous : le buffet, la bière… les femmes, tout est à volonté !
Telle est l’offre alléchante qu’un bordel berlinois propose à ses clients, dans l’espoir d’endiguer la baisse de fréquentation liée à la crise économique.
Femmes chosifiées, leur corps réduit à l’état de marchandise, guère mieux considérées qu’un steak : voici l’illustration, poussée à l’absurde, de la violence intrinsèque de la prostitution. Rien de neuf, donc, sous le néon des bordels allemands. Cependant, cette « politique marketing » soulève quelques remarques.
Si les clients n’arrivent même plus à financer leur logement, leur nourriture et leur voiture, comment voulez-vous qu’ils fassent des frais pour du sexe?
, s’émeut Monika Heitmann, militante d’une structure d’assistance aux prostituées[À la lecture de ce genre de déclaration, on se demande si « l’assistance aux personnes prostituées » consisterait à veiller à la satisfaction des « clients » et des proxénètes. Les citations de Monika Heitmann proviennent du quotidien régional La Voix du Nord du 25 mars 2009 et du site internet belge « [7 sur 7« .]]
, pour justifier cette décision.
Le célèbre argument des « besoins irrépressibles des hommes » en prend un sacré coup. Les promoteurs de la prostitution nous expliquent pourtant depuis des lustres qu’il est vital pour la société de faciliter l’exercice du « droit de l’homme » qui consiste à payer autrui pour lui extorquer un acte sexuel.
Sans cela, nous assurait-on, les pauvres, fous de frustration, deviendraient dépressifs, violents, violeurs même. Puisque leur besoin est « irrépressible ». Voici que l’on apprend qu’en définitive, ce fameux besoin s’évanouit au premier coup de semonce sur le portefeuille !
Du côté des femmes, celles-là mêmes qui font l’objet du grand « destockage » berlinois, on apprend qu’elles sont de plus en plus nombreuses à regagner les trottoirs. Auf wiedersehen, les bordels et leurs ponctions léonines sur les revenus de la passe : crise oblige, pour survivre, il est plus profitable de chercher son acheteur dans un cadre moins luxueux. Et de ne pas se montrer regardante : Beaucoup de femmes viennent nous voir et ne savent plus comment s’en sortir. Avec la crise, les clients en veulent davantage pour moins d’argent. Ils deviennent plus pressants, certains les font même chanter
, constate Monika Heitmann. Car, admet-elle, contrairement aux promesses des promoteurs de la loi de dépénalisation du proxénétisme de 2001, la « stigmatisation » est toujours aussi violente, et les personnes prostituées… savent encore moins comment s’en sortir
.
Pendant ce temps, Uwe Kaltenberg[Selon [7 sur 7.]], représentant de la « Fédération allemande du commerce érotique », réclame l’octroi de subventions publiques aux proxénètes « victimes de la crise ».
Nous n’avons certainement pas encore atteint le point plus bas
, prévenait quant à lui Karl-Théodor zu Guttemberg, ministre allemand de l’économie[[L’Humanité, mercredi 25 mars 2009.]]. Il parlait de la crise économique. En termes de cynisme et de mépris des droits humains, gageons que le constat sera longtemps le même pour le commerce des femmes en pays réglementariste.