Élections européennes : 32 têtes de liste se sont engagées aux côtés du Mouvement du Nid

998

C’est un premier succès! Sollicitées par le Mouvement du Nid à l’occasion des élections au Parlement européen de juin 2009, une cinquantaine de personnalités politiques se sont mobilisées en faveur de notre Plaidoyer pour une Europe sans prostitution. Face au bruit, surtout médiatique, entretenu par les courants favorables à la dépénalisation du proxénétisme, le Mouvement du Nid a pu ainsi prendre la température réelle du milieu politique.

45 candidatEs (17 d’entre eux sont éluEs) ont osé affirmer leur engagement en faveur d’une série de mesures fortes :

Annonce
  • suppression des mesures répressives à l’encontre des personnes prostituées;
  • lutte résolue contre toutes les formes de proxénétisme;
  • adoption d’une loi pénalisant les clients prostitueurs;
  • politiques de prévention du risque prostitutionnel.

Pour le Mouvement du Nid, c’est l’émergence d’un nouveau courant abolitionniste avec lequel il faudra compter dans une Europe qui avait jusqu’ici choisi le camp proxénète.

Les signataires

L’ensemble des têtes de listes du NPA, du Front de gauche (Parti communiste français et Parti de Gauche) et de Debout la République a signé collectivement notre Plaidoyer. Pour le Front de gauche, le combat contre la prostitution fait partie de la lutte “contre toutes les formes de discrimination, d’esclavagisme, de domination de la personne humaine”.

Le programme du NPA était explicite sur le sujet : au nom de l’égalité absolue entre les hommes et les femmes, «il faut s’opposer notamment à toute marchandisation du corps des femmes en luttant pour l’abolition de la prostitution.»

Le MoDem et le PS se sont engagés en tant que partis. Le premier sous la plume de Marielle de Sarnez, déclarant : «Le Mouvement démocrate apporte son soutien à ce plaidoyer, souhaitant notamment que des mesures soient prises pour garantir en Europe le respect des droits et de la dignité de la personne».

Philip Cordery, secrétaire du Parti socialiste européen et candidat dans le Nord-Ouest, écrit : «Je soutiens toute mesure visant à la suppression de la répression des prostituées, à la lutte contre le proxénétisme, au soutien aux victimes des réseaux de prostitution, au renforcement de la prévention de la prostitution et à la pénalisation des clients. Je défends le projet d’une Europe plus juste, plus protectrice, où l’égalité femme-homme sera une réalité, et je suis convaincu comme vous que cela passe par l’abolition de la prostitution.»

Malgré les clivages au sein des Verts français sur la question, plusieurs candidat-e-s, dont deux têtes de liste et une responsable féministe, ont apporté leur soutien à notre Plaidoyer. Du côté des candidats de l’UMP, une unique signature : celle de Dominique Riquet (élu dans le Nord–Ouest). Michel Barnier et Rachida Dati ont indiqué «[leur] soutien à la lutte contre la traite des êtes humains» sans jamais prononcer le mot “prostitution”!

Notons cependant que, sans être candidats, André Schneider et Fabienne Keller, respectivement député et sénatrice UMP du Bas-Rhin, ont également soutenu le Plaidoyer.

Ils, elles sont élu-e-s

  • Europe-Écologie

Signer notre Plaidoyer était un acte courageux pour les six candidat-e-s de la liste Europe-Écologie, la tension réglementaristes/abolitionnistes étant toujours vivace chez les Verts. Le parti qui prétendait, lors des présidentielles 2007, vouloir “lutter efficacement contre l’exploitation et la violence subies par les prostitué-e-s”, pourrait s’inspirer de la démarche progressiste et féministe portée entre autres par Jean-Paul Besset, Yannick Jadot, Nicole Kiil-Nielsen, signataires de notre Plaidoyer et élus au Parlement européen.

  • Mouvement Démocrate

Lors du Mondial de football 2006, l’UDF (actuel MoDem) avait, par la voix de son vice-président, Didier Bariani, promu avec vigueur l’approche abolitionniste, en affirmant : «Il ne s’agit pas de sexualité mais de violence. Ne pas dénoncer, ne pas combattre, c’est prêter la main à l’esclavage humain». Les élu-e-s signataires : Marielle de Sarnez, Nathalie Griesbeck, Jean-Luc Bennahmias.

  • Front de gauche

Le Parti Communiste Français est le parti qui a pris la position abolitionniste la plus claire. Il a en effet déposé en avril 2006 une proposition de loi relative à “l’exploitation sexuelle et à la protection des victimes, qui conjugue non seulement éducation et prévention mais aussi sensibilisation des « clients ». Les élu-e-s signataires : Patrick Le Hyaric (PCF), Jacky Hénin (PCF), Jean-Luc Mélenchon (PG), Marie-Christine Vergiat.

  • Parti socialiste

Une proposition de loi “relative à la lutte contre le système de la prostitution et aux droits des victimes” a été déposée en juillet 2006 par Christophe Caresche et Danielle Bousquet. Son article 1 propose de pénaliser les “clients” de 3750€ d’amende. Les élu-e-s signataires : Catherine Trautmann, Henri Weber, Kader Arif, Sylvie Guillaume, Gilles Pargneaux et Harlem Désir.

  • Union pour un mouvement populaire

Dominique Riquet (tête de liste), maire de Valenciennes, élu dans la région Nord-Ouest, nous invite à “compter sur son engagement total” pour soutenir un combat qu’il juge “indispensable”. Une position qui se situe en rupture avec l’approche en vigueur dans son parti, uniquement soucieuse de la sauvegarde de l’ordre public — quitte à pénaliser, on l’a vu, les personnes prostituées.

Des soutiens multiples

Des personnalités politiques ont apporté à titre personnel leur soutien ainsi que des associations et ONG : Élu-e-s contre les violences faites aux femmes, EPAC-VAW (Centre d’action politique contre les violences faites aux femmes, branche du Lobby européen des femmes), la Fédération Nationale Solidarité Femmes, Choisir la cause des femmes par la voix de Gisèle Halimi, la Coalition contre la traite des femmes, et bien d’autres, dont le site féministe Sisyphe.

Le “Strass”, «syndicat du travail sexuel», défend-il les personnes prostituées ?

À l’annonce de notre Plaidoyer pour une Europe sans prostitution, le “Strass” a publié un communiqué intitulé : Les prostitué-e-s veulent une Europe sans Mouvement du Nid. Ce cri du cœur nous inspire quelques réflexions….

Fondé en mars 2009, le “Strass”, qui se présente comme “Syndicat du Travail Sexuel”, entend lutter “pour la dépénalisation du travail sexuel, pour l’autogestion et pour les droits sociaux égaux de tous-tes les travailleurs-ses sexuel-le-s” (personnes prostituées mais aussi acteurs et actrices porno, opératrices de téléphone rose, etc.)

Pour mener son combat pour “un modèle de profession libérale, du sexe dans des cabinets indépendants, similaires à ceux des avocats, sans proxénètes ni patrons”, le « Strass » rêve donc de la disparition du Mouvement du Nid. Rien de plus normal.

En revanche, de quel droit se permet-il de parler au nom des “prostitué-e-s” ? “Les prostitué-e-s” ? Mais que fait le “Strass” des milliers de personnes prostituées qui s’adressent depuis des décennies au Mouvement du Nid — dans trente villes en France — pour confier leur désarroi, leur souffrance, les violences subies et leur désir de quitter la prostitution ?

Que fait le “Strass” de ces interdites de parole ? De celles et ceux à qui nous ouvrons les colonnes de notre revue et dont les témoignages sont une dénonciation sans complaisance du système proxénète ? Il est pour le moins stupéfiant de voir le “Strass” demander publiquement la disparition d’une association qui accueille, chaque année, sur le terrain, des milliers de personnes qu’il prétend défendre

Le “Strass” s’applique à nier tout ce qui pourrait gêner dans le paysage qu’il veut idyllique de la prostitution. On est prié, les personnes prostituées les premières, de garder le silence sur les contraintes, les violences, les humiliations qui empêcheraient la promotion d’une si alléchante profession.

Si nous partageons sa volonté de voir abrogées les dispositions de la Loi sur la sécurité intérieure qui répriment les personnes prostituées, nous ne laisserons pas le Strass édulcorer les réalités de la prostitution ni interdire de parole les personnes prostituées qui cherchent à en dénoncer les violences, à commencer par celles qu’exercent les proxénètes et les “clients” prostitueurs.