Depuis 1951, date de parution de la première revue du Mouvement du Nid, nous donnons une place essentielle à la parole des personnes prostituées : des femmes en majorité, mais aussi des hommes, qui ont en général fait la démarche de nous contacter, poussé.e.s par le désir profond de changer de vie, d’échapper à l’enfermement ; des personnes dont la force, la volonté, la résistance sont souvent étonnantes. Il était donc logique que nous ouvrions le numéro 200 de la revue, consacré entièrement au Mouvement du Nid, par des extraits de leurs témoignages.
Longtemps, elles ont été condamnées au silence. Ligotées par la honte, autant que par les menaces. À qui était-il possible de dire que l’on était prostitué.e ? Auprès de qui pouvait-on prendre le temps de dérouler le fil de son histoire ?
 C’est dans le huis clos de l’association, loin des caméras, loin des regards, dans la confiance réciproque et l’absence de jugement, que beaucoup d’entre elles ont pu trouver la force de parler. De confier leur vécu, d’en comprendre les étapes, d’en décrypter les engrenages. Souvent pour la première fois.
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Cette parole occultée, le Mouvement du Nid l’a toujours tenue pour fondement de ses analyses. Au fil des décennies, elle n’a fait que prendre une place de plus en plus déterminante : récits plus fouillés, restitués au plus près.
Nous qui avons depuis 80 ans reçu leur émotion, leurs larmes, leur colère, sommes frappé.e.s par la rage de dénoncer, de témoigner, qui les anime. Toutes voudraient que leur expérience serve à d’autres, toutes enragent de ne pas pouvoir prendre la parole en public, tant le jugement social continue de peser sur elles par une formidable inversion des responsabilités.
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Aujourd’hui, cette parole dont nous sommes les dépositaires prend un relief nouveau avec la montée du mouvement des « survivantes ». Car désormais, elles s’affirment. Et de plus en plus
nombreuses sont celles qui parlent.
Publiquement. La tête haute. Face au lobbying des partisans de « l’industrie du sexe », la force de leur parole a des effets politiques, comme l’a montré le vote de la loi du 13 avril 2016.
Nous tenions donc à ouvrir le numéro 200 avec elles. Faute de place, nous avons du procéder à un choix draconien. Tous les témoignages mériteraient d’être cités. Tous disent à la fois la diversité des itinéraires et leurs 
points communs, tous mettent en relief les causes de l’entrée en prostitution – manipulations des proxénètes, maltraitances, viols et incestes, le vécu des personnes – comportement des clients prostitueurs, exclusion – et les conséquences sur la personne et son intimité – relations aux hommes et à la sexualité, traumatismes et problèmes de santé, etc. Tous sont uniques.
Vous pouvez lire tous les extraits choisis pour le numéro 200 ici ->PS200-Témoignages
Vous pouvez retrouver dans la rubrique témoignages tous les plus récents, parus après les années 2000 -> http://prostitutionetsociete.fr/temoignages/
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