Eure-et-Loir : répondre à l’urgence, aider à garder espoir

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Pendant la durée du confinement, nous créons cette rubrique « COVID19 sur le terrain ». Deux à trois fois par semaine, nous vous racontons comment les membres du Mouvement du Nid continuent à maintenir le lien et à apporter de l’aide aux personnes en situation de prostitution. Aujourd’hui, la délégation d’Eure-et-Loir.

Noura, salariée de la délégation, raconte :

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« Nous avons beaucoup été sollicitées pour l’aide alimentaire, depuis la première semaine. Les Restos du cœur à Dreux ayant du fermer, nous avons fait des livraisons de colis, aidés par certain·es bénévoles de l’association fondée par Coluche. Nous avons aussi du trouver des hébergements d’urgence. La semaine du 27 avril, nous avons pu avoir une réservation d’hôtel par le 115 pour une femme qu’on accompagne depuis très longtemps. Elle ne pouvait plus payer son loyer, elle a été mise à la rue en plein confinement. Nous avons pu obtenir une réservation d’hôtel pour six semaines pour elle ».

Dans ce département qui a été un des pionniers des parcours de sortie, la crise sanitaire a gelé toutes les démarches. « Le problème, c’est que quatre personnes que nous suivons ont été admises en parcours de sortie en décembre, explique Noura. Mais, étant en situation irrégulière, elles n’avaient pas encore obtenu leur autorisation de séjour provisoire au 17 mars. Elles ont eu besoin d’aide d’urgence pendant tout ce temps ». Le plus dur a été de garder espoir. « C’est très dur pour elles qui ont déjà beaucoup attendu de ce parcours, de devoir encore attendre, attendre, attendre. Nous leur disons qu’elles ne sont pas seules dans cette situation, que tout rentrera dans l’ordre après la crise, nous tentons de les rassurer. Petit à petit, ça va mieux. ».

Un café virtuel entre personnes accompagnées

Le soutien psychologique et le maintien du lien social ont donc également été essentiels pendant cette période. Pour certaines, confinées avec leurs enfants, cela a été du temps qu’elles ont pu leur consacrer. Pour d’autres, la solitude pèse.

Pour lutter contre l’isolement, la délégation a organisé des réunions à distance entre les femmes. Pendant le confinement, un « café virtuel » a eu lieu. « Ca s’est très bien passé, explique Noura. Elles étaient six. Des femmes bulgares et nigérianes. De nouvelles relations entre ces femmes sont nées, notamment depuis que plusieurs d’entre elles ont obtenu des parcours de sortie. Elles s’entraident dans leurs démarches ».

En définitive, s’il a fallu faire face à beaucoup de situations difficiles, des choses positives ont été possibles pendant cette période. Mais la délégation a des craintes pour l’avenir et notamment pour les parcours de sortie. Des discussions ont commencé avec la déléguée aux droits des femmes pour voir comment les choses vont se passer. « On a pu parler de ce temps perdu pour les femmes, maintenant, on attend des avancées et des mesures au niveau national ». Plus que jamais, le soutien aux personnes prostituées est indispensable.