Le cinéaste François Ozon et les fantasmes des femmes… ou ceux des « clients »?

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Interviewé le 20 mai 2013 par le magazine américain Hollywood Reporter au sujet de son film Jeune et Jolie en compétition au Festival de Cannes, le réalisateur François Ozon l’affirme : C’est un fantasme de beaucoup de femmes de se prostituer. À nous de confesser un fantasme qui nous tient à cœur : On rêverait d’un monde où enfiler quelques clichés sexistes rebattus sur la sexualité des femmes ne serait pas une option envisageable pour promouvoir un film.

Le Mouvement du Nid, dont les bénévoles rencontrent des milliers de jeunes au cours d’actions de prévention et organisent des centaines de débats grand public dans toute la France, est un fin connaisseur des lieux communs qui banalisent et déguisent le système prostitueur. Les femmes prostituées sont dépeintes, dans ces stéréotypes sexistes très répandus, en créatures heureuses d’être utilisées sexuellement par le « client » et réduites à l’état d’objets. Les femmes prostituées que nous rencontrons, en tant qu’association de terrain, ne partagent pas cette opinion. Elles sont mises en danger par ce ravalement au statut d’objet dont elles sont victimes. [Les clients] ne se rendent pas compte qu’on est humaines. Des femmes comme les autres. Comme celles qu’ils ont à la maison, expose l’une d’elles.

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Nous n’avons pas vu le film Jeune et Jolie, dont l’héroïne est une adolescente de 17 ans. Nous regrettons que sa promotion débute par quelques déclarations à l’emporte-pièce. Toutes les femmes sont lésées lorsque qu’une personne bénéficiant d’un fort rayonnement médiatique, comme le cinéaste François Ozon, l’emploie à les dénigrer et les mépriser, par exemple en affirmant qu’elles recherchent la passivité ou d’être payée pour coucher. Les « clients » de la prostitution, quant eux, boivent du petit lait : puisqu’on vous dit que toutes les femmes rêvent d’être prostituées! Et pour les jeunes, garçons et les filles que nous rencontrons en prévention, c’est un discours banalisant la violence qui vient s’ajouter à un corpus déjà bien fourni.

Heureusement, une autre musique commence à se faire entendre. Voici une véritable « provocation iconoclaste », progressiste celle-là : ces femmes, que certains veulent faire passer pour des objets contents de l’être, parlent et mettent les clichés à la renverse. Un antidote à faire circuler d’urgence!

Laurence, Rosen, Nathalie… des survivantes de la prostitution prennent la parole

Merci à Abolition 2012 pour les vidéos.

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