Nier la violence de la prostitution, c’est la cautionner

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Nous dénonçons et condamnons toutes les violences faites aux personnes prostituées y compris celle qui consiste à prétendre que la prostitution est un travail du sexe.

La Délégation du Mouvement du Nid de Paris dénonce la violence dont les personnes prostituées sont victimes tous les jours :

Annonce
  • celle des « clients » qui utilisent les personnes prostituées comme des objets ;
  • celle des réseaux de proxénètes et des états complices qui organisent l’exploitation des plus vulnérables pour satisfaire la demande des « clients » ;
  • celle des policiers qui traitent les personnes prostituées comme des délinquantes et non comme des victimes ;
  • celle de la société qui considère les personnes prostituées comme infâmes et immorales et tolère la violence qu’elles subissent pourvue qu’il ne soit pas porté atteinte à la tranquillité publique ;
  • celle de tous ceux qui, prétextant défendre les intérêts de ces personnes, continuent à nier la violence inhérente à ce « marché du viol » et prétendent qu’il s’agit d’un travail comme un autre.

Nos bénévoles rencontrent et accompagnent les personnes prostituées tous les jours de l’année. Nous sommes les témoins des violences qu’elles subissent et nous souhaitons insister sur la responsabilité prépondérante des « clients » dans cet esclavage :

  • C’est pour répondre à la demande des « clients » que les réseaux de traites, kidnappent, violent, enlèvent, frappent, et déplacent les femmes et les enfants des pays pauvres pour les prostituer de force en Europe. Nous rappelons que plus de 80% de personnes prostituées sont victimes de ces réseaux ; ces chiffres sont connus de tous. Les clients ne peuvent l’ignorer.
  • Les « clients » ne viennent pas chercher une relation sexuelle, ils viennent acheter un viol car ils imposent leur désir et profitent de leur situation de force (économique notamment). Est-il souhaitable de continuer à accepter que des « relations » sexuelles soient unilatéralement désirées ? N’est-ce pas la forme la plus archaïque et patriarcale de la domination sexuelle, au même titre que le droit de cuissage ou le devoir conjugal ?
  • Les « clients » sont les principaux agresseurs des personnes prostituées. En position de pouvoir sur la personne et encouragés par un sentiment d’impunité, ils exercent des violences de toutes sortes (insultes, coups, étouffements lors des fellations…).

Nier cette violence c’est l’autoriser, c’est la cautionner. Non, la prostitution n’est pas un métier mais un esclavage. Aucun travail ne doit priver les êtres de leur dignité. Si certains métiers sont jugés « pénibles » la société doit tout mettre en œuvre pour protéger les travailleurs et, par exemple, réduire leur temps de travail. Mais la prostitution n’est pas « pénible » elle est « intolérable »…. Car elle atteint la personne jusque dans son intimité et son intégrité.