« Délice Paloma », c’est le nom d’un dessert, sucré, parfumé, oriental ; et Paloma, le « nom de guerre » d’une jeune fille qui se rêve danseuse du ventre, dans une Algérie coincée entre intégrisme, corruption et occidentalisation. Nadir Moknèche les a associés dans une parabole sur son pays, incarné par Madame Lalgéria (sic), une « femme d’affaires » en tous genres.
Survêtement et maquillage outré, elle sort de prison, attendue par deux femmes voilées. C’est la première scène du film, et, d’emblée, elle pose l’antagonisme entre l’Algérie du plaisir et de la liberté, celle de Madame Lalgéria « bienfaitrice universelle » comme elle se proclame, et l’Algérie de la contrainte islamique, représentée par « les corbeaux » , comme elle les surnomme.
Mais Madame Lalgéria est aussi une proxénète, qui utilise Paloma et Shéhérazède, ses « collaboratrices », dans des affaires de flagrants délits d’adultère.
Son univers, familial et mafieux, est bouleversé lorsque son fils bien-aimé, le beau Ryad, tombe amoureux de Paloma et s’oppose à sa mère.
La morale et le happy end sont néanmoins saufs, puisque Madame Lalgéria « tombe » pour trois ans et que le couple d’amoureux s’enfuit en Italie, vers un avenir qu’on nous laisse supposer meilleur.
Ainsi, le film n’est pas sans ambiguïtés, voire duplicités. Porté par Byouna, actrice fétiche du réalisateur, avec une force et une verve à la Magnani, le personnage principal inspire une certaine sympathie, d’autant plus que c’est lui qui raconte l’histoire, en voix off et flash-back. Mais c’est pour mieux mettre de côté ses activités de proxénète.
De même, si le film se veut une apologie du plaisir et de l’amour, il réduit trop souvent le plaisir à sa version tarifée et faussement glamour, dans les boites de nuit à la mode, et l’amour à une bluette un peu inconsistante.
Tel quel, « Délice Paloma » est un dessert, sucré et gourmand, certes, mais aussi lourd et même un peu écoeurant.