Du bitume à la toile : Adèle Mosonyi

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Diplômée de l’École des Beaux-Arts, Adèle Mosonyi, anglo-hongroise, installée à Paris depuis 25 ans, a exposé en mars son dernier travail intitulé Les putains au café associatif Le Petit Ney dans le cadre du Festival au féminin de la Goutte d’Or (Paris 18e arr.).

Adèle Mosonyi habite à Paris, non loin du boulevard Ney, lieu de prostitution massive. Comme elle le dit, les « putains » ont longtemps fait partie de son paysage, jusqu’à ce que, en 2003, suite à l’introduction par Nicolas Sarkozy du « délit de racolage passif », elles disparaissent subitement. Cela n’a rien arrangé mais simplement déplacé et dissimulé le problème. Maintenant, c’est encore pire pour les filles, livrées aux réseaux mafieux et esclavagistes, s’insurge Adèle Mosonyi. L’artiste qui se dit « peintre urbain et coloriste » s’est longuement documentée avant d’entamer son dernier travail intitulé Les putains.

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Grands formats et collages en couleurs ou petits formats noir et blanc, tous donnent à voir des silhouettes de femmes alignées qui semblent attendre quelque chose, la tête rarement liée au corps souvent dénudé.

Vendre son corps, ce n’est pas vendre son âme, sinon on ne survit pas. Pour se prostituer, l’esprit doit être séparé du corps, sans parler des substances artificielles qui aident à tenir, explique Adèle Mosonyi, qui dénonce un marché basé uniquement sur le fantasme masculin d’un corps abstrait, s’interroge sur ce désir, négation de l’amour et plaide pour le retour à une sexualité épanouie.

Plus largement, l’artiste questionne le rapport au corps, comme avec ces collages, clins d’œil au monde de la mode, qui disent l’exploitation de femmes devenues objets, voire marchandises.

Enfin, pour Adèle Mosonyi, le travail sur Les putains est aussi le fruit d’une réflexion artistique : Qu’est-ce que le nu en peinture si ce n’est une forme qui exploite le plus souvent le corps féminin ? Pourquoi le nu féminin n’est jamais censuré comme le masculin peut l’être ?

Café littéraire le Petit Ney

10, avenue de la Porte-de-Montmartre

75018 Paris

Du mercredi 27 février au jeudi 27 mars.