Irina Palm

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Mélange de comédie et de réalisme social à la sauce britannique, « Irina Palm » est tout juste sauvé du ridicule par l’admirable interprétation de Marianne Faithfull.

Je branle les hommes, avoue Maggie, la soixantaine très digne, à ses copines du club de brigde qui ouvrent de grands yeux horrifiés… Faussement provocatrice, cette scène est à l’image du film de Sam Garbarski, qui se voudrait audacieux et drôle, mais qui s’enlise au fil d’un scénario abracadabrant dans une accumulation de poncifs. Pour sauver son petit-fils atteint d’une maladie rare et dont le traitement de la dernière chance est hors de prix, Maggie, une veuve londonienne, trouve une place d’hôtesse dans un night-club de Soho… en dépit de son âge.

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Car dans cet établissement, nul besoin de vendre ses charmes. Il suffit d’avoir la main assez experte pour masturber à la chaîne les clients qui se présentent. Ces derniers introduisent leur sexe dans un trou percé dans une cloison, derrière laquelle officient Maggie et ses collègues… Trou qui apparaît comme la métaphore de l’œil de cette caméra qui fixe le sexe tarifé sans jamais le regarder en face. Tout comme le client ne voit jamais la personne à qui il prête son sexe, le spectateur, anesthésié par les belles images d’un Londres sobrement filmé, perd de vue la violence des rapports sociaux entre prostituées et clients, prostituées et proxénètes… totalement absents du film.

Le mac, par exemple, certes un peu bougon mais conciliant, finit par tomber amoureux de son employée. Enfin, il a peut-être le cœur près du porte-monnaie car Maggie, grâce à son toucher exceptionnel, devient la meilleure main droite de Londres (sic !) et l’attraction principale de l’établissement.

Mélange de comédie et de réalisme social à la sauce britannique, « Irina Palm » est tout juste sauvé du ridicule par l’admirable interprétation de Marianne Faithfull. Ce qui ne rend pas son propos moins indigeste. À savoir que ce qui aurait pu être une descente aux enfers se révèle un chemin vers l’épanouissement du personnage principal – le trou, objet central du film, symbolisant lourdement la (re)naissance. Car si, au départ, c’est par altruisme que Maggie devient (temporairement) prostituée, peu à peu sa nouvelle activité la révèle à elle-même. Elle sort de son milieu étriqué de petite-bourgeoise de banlieue pour accéder à une existence plus riche humainement.

Certes, au prix d’un effacement et d’un morcellement – elle n’est plus qu’une main qui échange un savoir-faire contre du plaisir moyennant finance.

Cette fable qui se veut dérangeante ne fait que conforter les vieilles lunes sur le plaisir féminin – résidant avant tout dans le don de soi – et les considérations actuelles sur la prostitution, travail comme un autre qui peut relever d’un choix, y compris pour les vieilles femmes… à condition qu’elles restent cachées, et les moutons (les clients) seront bien gardés !