Miss Pas Touche offre le tour de force de proposer un contenu riche en émotions et une restitution de l’ambiance « années 30 » très réussie, sans jamais recourir à l’imagerie de pacotille généralement utilisée pour évoquer ce que certains ont appellé « l’âge d’or des bordels ».
Hubert — scénariste – et Kerascoët — un tandem de dessinateurs, Marie Pommepuy et Sébastien Cosset — signent des bandes dessinées représentatives de la nouvelle école française incarnée par Johan Sfar et Lewis Trondheim, avec lequel ces derniers ont collaboré par le passé.
Le trait, qui privilégie l’expression des sentiments au réalisme, vivifie le scénario d’Hubert, dynamiquement mené sur deux tomes.
Dans le Paris des années 30, Blanche, la « vierge du bordel », veut venger la mort de sa grande sœur, assassinée sous ses yeux par un tueur en série, « le Boucher des Guinguettes ».
Miss Pas Touche offre le tour de force de proposer un contenu riche en émotions et une restitution de l’ambiance « années 30 » très réussie, sans jamais recourir à l’imagerie de pacotille généralement utilisée pour évoquer ce que certains ont appelé « l’âge d’or des bordels ».
Bien au contraire, aucune complaisance dans le portrait du « Pompadour », le bordel-type où Blanche cherche la trace du « Boucher ». Cette maison close fréquentée par le gratin — on y croise des préfets et des commissaires, des chirurgiens et des ambassadeurs… — est toujours présentée comme un lieu d’enfermement, une prison, un couvent d’un genre spécial, d’où les jeunes femmes prostituées ne s’échappent que lorsque la mère maquerelle les fiche dehors.
La drogue, la complicité de la police, les rivalités cruelles entre les « pensionnaires », la terreur de celles-ci devant la menace d’être déplacées dans un bordeld’abattage, quarante clients par soir à la chaîne, sont autant de rappels utiles de la réalité historique.
Cette Miss Pas Touche a d’autres mérites, mais le refus de piocher paresseusement dans le stock de clichés usagés n’en est pas le moindre.