Béziers : la « double peine » du racolage pour une femme nigériane

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Sous prétexte de lutter contre le proxénétisme, le tribunal correctionnel de Béziers a condamné le 30 septembre une jeune femme à un mois de prison ferme suivi d’une expulsion avec interdiction de retour en France pendant 5 ans. Six autres personnes prostituées ont été interpellées, qui seront jugées ultérieurement.

À l’origine de cette condamnation, l’initiative du procureur de la République, Patrick Mathé, qui assure mener une action renforcée dans la lutte contre le proxénétisme. Les personnes ont été interpellées lundi 28 septembre, pour racolage sur la voie publique. Dans ce quartier, les riverains interpellent de longue date les autorités : en mars dernier, deux habitants ont même essuyé une fusillade, après que des heurts les avaient opposés à une personne prostituée.

L’omniprésence des proxénètes est une évidence pour les pouvoirs publics : sous leurs yeux, les réseaux organisent la traite à l’intérieur du territoire national et également, depuis des pays d’Europe centrale et d’Afrique.

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Le vice-procureur Puig a d’ailleurs déclaré qu’à Béziers les prostituées, les filles de joie, sont toutes d’importation, selon Le Midi Libre du 1er octobre.

Le quotidien rapporte également la division territoriale de la ville, coupée au cordeau entre une zone dévolue aux « Roumaines », une autre réservée aux « Africaines ».

Dans ce contexte, Patrick Mathé, le procureur de Béziers, a, dès sa prise de fonction en juillet dernier, claironné sa volonté de faire une priorité de la lutte contre les réseaux. Mais, de l’aveu même du tribunal, on s’en prend toujours à ces filles, qui sont régulièrement rackettées par des proxénètes, hélas les proxénètes ne sont pas ici, ce que nous déplorons.

Le tribunal déplore… mais condamne néanmoins.

Dindons de la farce, les riverains, dont le quartier reste sous la coupe des proxénètes, mais aussi des « clients » prostitueurs, totalement absents des débats. On peine pourtant à imaginer qu’ils ne soient pour rien dans la dégradation des lieux et les désordres déplorés par les habitants.

Doublement victimes, les personnes prostituées, que le vice-procureur appelle les filles de joie : victimes de la violence proxénète, jetées en pâture aux « clients », puis arrêtées et emprisonnées comme des criminelles, expulsées enfin du bien-nommé « pays des droits de l’Homme ». Rappelons qu’en mars 2008, le Comité des Nations Unies pour l’élimination des Discriminations à l’Egard des Femmes (CEDAW) avait déjà exprimé sa préoccupation[Lire également : [.]], dénonçant ce type de mesures qui, parce qu’elles s’attaquent aux personnes prostituées ou limitent leur protection, écartent la France du positionnement abolitionniste qui est censé être le sien.