Bordels allemands : une réouverture hésitante et beaucoup de questions

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Les bordels allemands rouvrent peu à peu. Mais pas partout, et non sans débat. Heureusement.

bordels-allemandsDepuis début juin 2021, la prostitution est à nouveau autorisée dans les Länder de Saxe-Anhalt et de  Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Berlin doit leur emboîter le pas le 18 juin. Toutefois, selon la presse allemande, les 13 autres régions n’ont pas encore envisagé la réouverture des bordels.

La Rhénanie-Palatinat aimerait par exemple que les exploitants gardent une trace des « clients » afin de les retrouver en cas d’infection ; une garantie impossible à tenir étant donné le goût prononcé qu’ont ces derniers pour l’anonymat.

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« L’industrie » des bordels allemands, comme on dit dans la presse allemande, était à l’arrêt depuis novembre, voire mars 2020. En réalité, la prostitution n’a pas cessé. Selon la police, dans les grandes villes comme Francfort, Leipzig ou Stuttgart, elle s’est déplacée vers les appartements et les hôtels. Et un peu partout, elle a continué sur Internet.

Il est clair que beaucoup de femmes ont continué leurs activités au péril de leur santé, faute d’aides et d’alternatives. Selon Terre des femmes, qui dénonce ces poursuites sur des personnes rendues encore plus vulnérables par la pandémie, 56 000 € d’amendes pour racolage leur auraient été infligés pour la seule ville de Hambourg.

Des bordels allemands qui se victimisent

La presse allemande déplore les pertes financières du secteur et relaie en boucle la parole du lobby de ladite « industrie » Ainsi SZ Zeitung interviewe Johanna Weber, présentée comme « travailleuse du sexe », alors qu’elle est aussi (surtout?) « porte parole de « l’Organisation professionnelle pour les services sexuels et érotiques ».

Même la BBC présente Andre Nolte comme « sex worker » alors qu’il est lui aussi (surtout?) porte-parole de l’industrie. Pour asseoir son lobbying, l’industrie du sexe a compris que rien ne vaut des « prostituées » relayant abondamment une parole qui représente en réalité les intérêts des proxénètes.

Toutefois, les voix abolitionnistes se font de plus en plus entendre. Fin mai 2021, une émission de radio, « Licht aus im bordell », rassemblait des opposants à l’actuelle loi allemande (policiers, gynécologue, associations, survivantes…) pour débattre d’une éventuelle future adhésion au « modèle nordique » et français.

La loi actuelle n’a fait que donner un poids économique et politique aux tenanciers et laisser dans la clandestinité l’immense majorité des femmes prostituées, qui refusent de se faire enregistrer et donc étiqueter comme « travailleuses du sexe », et qui n’ont donc eu droit à aucune aide pendant la pandémie.

Ainsi, pour une population évaluée entre 200.000 et 400.000, on parlait fin 2017 de seulement 7000 personnes prostituées enregistrées dans 11 Etats fédéraux6. Un fait est certain : la loi n’a pas fonctionné en leur faveur.

En revanche, le chiffre d’affaires du secteur est estimé à 15 milliards d’euros selon le Statistiches Bundesamt (équivalent de l’Insee7). Des sommes dont l’essentiel va d’abord dans les poches des proxénètes, tenanciers et trafiquants.

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