La Cour Suprême brésilienne a acquitté le 30 mars 2012 un homme accusé d’avoir violé trois fillettes de douze ans au motif qu’il s’agissait apparemment de « travailleuses du sexe », donc supposées consentantes.
Une telle décision est d’autant plus révoltante que le Code Pénal brésilien punit tout rapport sexuel avec un-e mineur-e de moins de 14 ans. Un recours a été déposé et la section brésilienne de Amnesty International a immédiatement réagi, résumant d’une formule les conséquences d’un tel verdict : « Ce jugement choquant donne ni plus ni moins le feu vert aux violeurs. (…) ».
Cette affaire illustre une nouvelle fois, et ce, particulièrement crùment, l’idée (très répandue), selon laquelle les personnes prostituées auraient une « nature » particulière qui les rendrait perpétuellement consentantes, y compris lorsqu’il s’agit de petites filles ! Le statut même de prostituée effacerait les droits élémentaires applicables à toute personne humaine. Cette croyance antédiluvienne n’a fait que trouver sa confirmation avec la banalisation de l’usage du terme « travailleuse du sexe », dénomination officielle qui, pour l’agresseur, induit sans doute l’idée que c’est son métier d’être violée.
Quand les juges s’aviseront-ils du fait que tout viol est un viol, quel que soit l’âge et le statut de la victime ? En la matière, un immense travail est encore à faire, au Brésil et ailleurs.