Ils ont dit non ! La généralité de Catalogne[[Parlement régional.]] a finalement repoussé le projet de légalisation des établissements de prostitution.
La décision est d’importance dans le contexte européen actuel. Le gouvernement régional catalan, dirigé par les socialistes, envisageait pourtant d’interdire la rue aux prostituées, sous peine d’amendes pouvant atteindre 600 euros, et de cantonner leur activité dans des lieux clos en instituant une licence légale pour les maisons de prostitution.
Les personnes prostituées y auraient été astreintes au contrôle sanitaire, obligation dont les clients auraient été naturellement dispensés…
En 2002, le gouvernement régional avait entamé le processus en adoptant un décret réglementant les maisons closes qui avait ouvert la voie à une explosion des établissements de prostitution. Un syndicat de tenanciers, l’Anela, était déjà parvenu à conquérir ses galons dans la société espagnole.
Cependant, face à la montée de la traite des femmes et de l’esclavagisme sexuel industrialisé, un nombre croissant d’associations et d’élus se sont émus. La majorité des parlementaires a voté contre. Dernièrement, l’Union générale des Travailleurs[Syndicat espagnol. Le site de l'[UGT.]] se prononçait pour l’élimination de la prostitution en déclarant qu’il ne s’agit pas d’un travail mais
d’une forme contemporaine d’esclavage, d’inégalité et de violence de genre.
À Madrid, la municipalité a de son côté eu l’audace de lancer en 2004 un « Plan municipal contre l’exploitation sexuelle », comprenant une campagne de prévention directement adressée aux « clients », une initiative pionnière qui a eu le mérite d’ouvrir le débat au plan politique.
Ces prises de position et décisions récentes, montrant que la prostitution est une pratique incompatible avec une société démocratique, sont un signe fort d’une évolution de la prise de conscience en Espagne.
Une étape encourageante pour le combat abolitionniste.