Copenhague, 7 et 8 mai 2011 : Les féministes abolitionnistes unies contre le système prostitueur

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Un colloque international sur la prostitution et la traite a été l’occasion à Copenhague d’une mise en valeur du modèle suédois. Parmi les participantes, venues de 16 pays, deux militantes de l’association « Osez le féminisme » ont assuré la présence du courant abolitionniste français.

Le ton était donné dès l’ouverture avec l’intervention du maire aux services sociaux de la ville de Copenhague, venu affirmer son implication en faveur de l’abolition du système prostitueur et d’une loi qui alignerait le Danemark sur la Suède, premier pays au monde à avoir voté une loi qui pénalise le «client» mais pas les personnes prostituées. Lors de ces deux jours, l’exemple norvégien a été largement commenté, la Norvège ayant adopté la même mesure en 2008.

A l’appui du modèle suédois, fondé sur l’égalité hommes/femmes, la journaliste anglaise Julie Bindel[[Nous rendons compte sur ce site de deux enquêtes auxquelles Julie Bindel a collaboré :

Big Brothel : « discount » sur les femmes prostituées à  Londres, 2008.

« Clients » prostitueurs : une nouvelle étude à  Londres, 2009.]], qui a présenté son travail sur les « clients » de la prostitution, a cité des phrases édifiantes : c’est une commodité, comme d’aller aux toilettes publiquesou c’est comme acheter une bière.

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De leur côté, des femmes anciennement prostituées venues en tant que militantes abolitionnistes ont témoigné publiquement des difficultés qu’elles éprouvaient suite à leur expérience de prostitution, notamment avec la sexualité, et décrit l’état de mort sociale qu’elle induit. Les militantes d’OLF ont pu rencontrer une autre de ces femmes, à l’origine de la création de groupes de parole dont l’effet libérateur n’est plus à démontrer ; une initiative encore trop rare dont la France aurait besoin de s’inspirer.

Elles ont également pu s’entretenir avec la ministre de la justice suédoise, Anna Skarhed, venue expliquer les conditions du vote de la loi La paix des femmes en 1999 et en présenter le bilan : un net recul de la traite, notamment, au contraire des pays voisins, mais aussi les fruits, dans les mentalités, d’un patient travail d’éducation, de prévention, et d’alternatives pour les personnes prostituées. Une politique progressiste sans précédent dont toutes les féministes abolitionnistes rêvent de voir la traduction dans notre pays.

«Grosse Freiheit? – International Conference on Prostitution & Trafficking»

« Conférence internationale sur la prostitution et les trafics d’êtres humains »; Grosse Freiheit, (Grande liberté), est le nom d’une rue située dans le quartier rouge de Hambourg, en Allemagne…

Consultez le site de l’événement : Grosse Freiheit, vous y trouverez les interventions des conférencierEs (textes et vidéos), les programmes, la plate-forme de revendications de « l’Initiative du 8 mars », fédération d’une trentaine d’associations, partis politiques, syndicats danois engagés dans la lutte contre l’exploitation des personnes dans la prostitution et la promotion de l’égalité femmes – hommes.

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Claudine Legardinier
Journaliste indépendante, ancienne membre de l’Observatoire de la Parité entre les femmes et les hommes, elle recueille depuis des années des témoignages de personnes prostituées. Elle a publié plusieurs livres, notamment Prostitution, une guerre contre les femmes (Syllepse, 2015) et en collaboration avec le sociologue Saïd Bouamama, Les clients de la prostitution, l’enquête (Presses de la Renaissance, 2006). Autrice de nombreux articles, elle a collaboré au Dictionnaire Critique du Féminisme et au Livre noir de la condition des femmes.