Amnesty et la prostitution : frilosité ou démission ?

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Les violences faites aux femmes demeurent l’un des plus grands scandales en matière de droits humains.
Pour la première fois, Amnesty France dénonce les insuffisances des politiques mises en œuvre dans notre pays et toutes les bonnes raisons qui empêchent la société de voir les faits.

L’entreprise est louable. Cependant, si nous saluons la partie consacrée aux violences au sein du couple, nos réticences, le mot est faible, accompagnent celle qui aborde la traite aux fins de prostitution. Nous en avions le pressentiment, entre autres depuis que le rapport « Mettre fin à la violence contre les femmes » d’Amnesty International osait en 2004 parler d’une travailleuse du sexe de 14 ans[[Mettre fin à la violence contre les femmes, 2004, page 82.]]

Annonce

Amnesty, qui prétend ne pas prendre parti entre abolitionnisme et réglementarisme, a de facto choisi son camp. Toutes les citations et références penchent d’un seul côté : ne sont mentionnées que l’ancienne rapporteure spéciale contre les violences de l’ONU Radhikha Coomaraswami, qui n’a cessé de promouvoir la prostitution comme un travail pour les femmes, et les seules associations françaises favorables à un statut pour les « travailleuses du sexe » et à la légalisation de certaines formes de proxénétisme : le Bus des Femmes, Cabiria et Grisélidis. L’existence du Mouvement du Nid comme de l’Amicale du Nid est ostensiblement ignorée.

Aucune référence n’est faite aux grands textes fondateurs de l’abolitionnisme et adoptés par la France, ni aux textes récents invitant les Etats à décourager la demande des clients !

Amnesty a beaucoup de chemin à faire. Mettons sur le compte de la méconnaissance la frilosité qui conduit cette grande organisation de défense des droits humains à couvrir, par son silence, l’une des plus grandes, des plus ordinaires et des plus séculaires violences subies par les femmes en France et dans le monde.

Les violences faites aux femmes en France, une affaire d’Etat.
Amnesty International, éd. Autrement, collection Mutations.