A l’occasion du colloque « Handicap, Affectivité, sexualité, dignité », organisé le 26 novembre à la mairie de Paris, 17 associations et 122 personnalités disent « Oui à la sexualité, mais sans violences ni emprise du marché ».
Lettre ouverte à
madame Véronique Dubarry, Adjointe au Maire de Paris en charge des personnes en situation de handicap,
monsieur Ryadh Sallem, président de CQFD
copie à
monsieur Bertrand Delanoé, Maire de Paris
madame Fatima Lallem, Adjointe chargée de l’égalité femmes/hommes
monsieur Marcel Nuss, Parrain du colloque
Parler de la vie sexuelle et affective des personnes handicapées, lever un tabou… Si le colloque du 26 novembre organisé à la Mairie de Paris Handicap : Affectivité, sexualité, dignité
avait vraiment cet objectif, ce que laisse entendre une partie du programme, nous ne pourrions que nous en féliciter.
Mais certaines associations de femmes handicapées, connues pour dénoncer les violences faites aux femmes, manquent à l’appel. Serait-ce que leur parole est trop dérangeante face à une entreprise dont l’objectif réel est de faire avancer, comme le prouve la seconde partie du programme, un projet porté depuis 2007 par M. Marcel Nuss, parrain de cette journée ?
L’idée est en effet d’officialiser, au prix d’un « ajustement » des lois sur le proxénétisme, un droit à la prostitution doucereusement rebaptisé services d’accompagnement sexuel
(ou affectif
par une savante euphémisation des termes), sur le modèle néerlandais ou suisse.
A cet égard, le choix des intervenants de l’après-midi est parlant. Parole aux « experts » ! Notamment l’auteur du film Nationale 7, une directrice de sex-shop en ligne, des militants de « l’accompagnement sexuel » en Suisse. Est-il permis de questionner cet apport mercantile et orienté, et de regretter l’absence de contributions au plan éthique et philosophique ?
Nous, femmes, handicapées ou non, sommes convaincues, comme les organisateurs du colloque, qu’il est temps de trouver des réponses aux désirs d’affectivité, d’intimité, de sexualité des personnes handicapées. Mais nous refusons la facilité qui conduirait à prétendre les trouver dans le domaine marchand. Nous appelons donc à l’ouverture, en la matière, d’un véritable dialogue.
En attendant, nous tenons à affirmer notre opposition à un projet qui voudrait, en France, créer, sur l’exemple des pays qui ont prétendu faire de la prostitution un « métier » (Pays-Bas, Allemagne, Suisse), des « emplois » de nature sexuelle, emplois qui, il faut le rappeler, sont dans ces pays clairement répertoriés dans la même catégorie légale que la prostitution.
Créer ces « services » serait officialiser les rapports sexuels tarifés, définition même de la prostitution qui, en cette année Grande Cause 2010, est pourtant clairement intégrée aux violences faites aux femmes.
Ce serait en outre stigmatiser les personnes handicapées en créant une loi à part, une loi indigne. Ce serait occulter leurs vraies demandes, leur véritable aspiration à une vie citoyenne, à l’intimité, à la rencontre (y compris sexuelle), en organisant un service marchand qui serait la négation d’exigences fondamentales : réciprocité du désir, respect de l’autre. Ce serait consacrer la prostitution, désormais assortie de formations, au titre de « service à la personne ».
La sexualité n’est ni un métier, ni une marchandise, ni un service para médical, ni un droit. S’il existe un droit à la sexualité
, il ne peut qu’être universel et ne saurait être réservé aux seules personnes handicapées.
On n’achète pas le corps d’autrui. Cette exigence, votée dans des pays tels que la Suède (1999) et la Norvège (2008) – pays par ailleurs exemplaire en matière de politiques sur le handicap, est la seule voie responsable face à la marchandisation croissante de la sexualité, porteuse de conséquences destructrices pour les plus exclu-e-s et les plus vulnérables. Des femmes en immense majorité.
Un lendemain de 25 novembre, journée nationale sur les violences faites aux femmes, nous tenons à rappeler que nous refusons toute banalisation de la prostitution (même rebaptisée d’un nom consensuel), contradictoire avec la lutte contre les violences et pour l’égalité entre les femmes et les hommes.
Signatures
Femmes pour le dire, femmes pour agir (FDFA)*
Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT)*
Centre National d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles (CNIDFF)*
Collectif féministe contre le viol (CFCV)*
Coordination Française pour le Lobby Européen des Femmes (CLEF)*
Coordination française de la Marche Mondiale Des Femmes
Encore féministes
Espace Simone de Beauvoir (Nantes)
Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF)*
Femmes libres (Radio Libertaire)
Femmes Solidaires*
Fondation Scelles*
La Maison des Femmes de Paris
Mémoire Traumatique et victimologie
Mouvement Jeunes Femmes*
Mouvement du Nid*
Sos Sexisme
(*)Associations membres du Collectif Grande Cause Nationale 2010 contre les violences faites aux femmes
Et
Djamila ABDI, réseau AFEMCI
Zeliha ALKIS, association ELLER
Sandra AYAD, Fondation Scelles
Chloé BALLIF, militante féministe
Françoise BELLOT, chercheuse, CFCV
Alice BENHAMOU PANETTA, présidente de Vivent les femmes VLF
Joêlle BERTIN, Psychologue, Association des Paralysés de France (APF)
Nathalie BIANCHI, enseignante
Frédéric BOISARD, Fondation Scelles
Catherine BONNET, médecin, psychiatre, psychanalyste
Christine BOUCHARA, correctrice
Sophie BOULET
Danielle BOUSQUET, députée des Côtes-d’Armor
Françoise BRIE, vice-présidente de FNSF
Anne BUCAS-FRANCAIS Marche Mondiale des Femmes (coordination française)
Belinda CANNONE, écrivaine
Marie-France CASALIS, CFCV
Nadia CHAABANE, enseignante, militante féministe
Jean CHAUDIEU
Natacha CHETCUTI, sociologue
Irène CO, Collectif Midi Pyrénées pour les droits des femmes
Martine COSTES PEPLINSKI, Espace METANOYA
Javiera COUSSIEU REYES, étudiante en Sociologie Genre & Développement
Nicole CREPEAU, présidente de FNSF
Liliane DEBECHE
Claudine DECREMPS, pharmacienne en retraite
Christine DELPHY, chercheuse au CNRS, auteure
Monique DENTAL, Animatrice du Réseau Féministe « Ruptures »
Anne DE REALS, FDFA
Catherine DEUDON, photographe
Bernice DUBOIS, représentante d’ONG à l’Onu
Brigitte DUCLOZ, féministe
Martine DUTOIT, Advocacy France
Fatima EZZARA BENOMAR
Sophie FAY
Nathalie FIALA
Maguy FOURNEL, FDFA
Ghislaine FRAICHE, militante féministe
Marie-Dominique GHNASSIA, secrétaire générale CNFF
Marie-Dominique GINESTE, maître de conférence en psychologie
Sandrine GOLDSCHMIDT, blog A dire d’elles
Asma GHENEFI, présidente de AFEMCI
Catherine GOLDMANN, Fondation Scelles
Annie GUILBERTEAU, directrice générale du CNIDFF
Bénédicte GUILLOIS, écoutante « Viols-Femmes-Informations »
Annette GUNTHER, Mouvement JEUNES FEMMES
Sihem Habchi, présidente de Ni Putes Ni Soumises
Liliane HALS-FRENCH, IFE, Initiative Féministe Européenne
Jacques HAMON, président du Mouvement du NID
France HUART, Université des Femmes, Bruxelles
Anne HUBERT
Geneviève HUSSON, FDFA
Christine JAMA, directrice de VOIX DE FEMMES
Lilliane JOLIVET
Olivier JULLIEN, enseignant
Esther JEFFERS, Commission genre ATTAC
Eugénie KUFFLER, compositrice
Claudine LEBASTARD, écoutante « Viols-Femmes-Informations »
Safia LEBDI, présidente des Insoumises
Jocelyne LE BOULICAUT, vice présidente de l’Observatoire du Genre du Parti Vert Européen
Séverine LECLERCQ
Claudine LEGARDINIER, journaliste
Marie-Hélène LE NY, photographe
Magdalena LE PREVOST, militante féministe
Nathalie LE ROUX, professeur de chant
Natasha LE ROUX, compositrice-interprète
Caroline LHOMME, journaliste hémiplégique
Michèle LOUP, vice présidente d’ECVF, Elu-e-s contre les violences faites aux femmes
Florence MABILLE, FDFA
Josée MADEC, écoutante « Viols-Femmes-Informations »
Claire MALEN
Héléna MANENTI
Malka MARCOVICH, représentante de CATW Europe
Brigitte MARTEL-BAUSSANT, secrétaire générale de la CLEF
Fadila MEHAL, présidente des MARIANNES DE LA DIVERSITE
Anne-Isabelle MILEKIC-VEILLOT, objectrice de croissance
Annick MONSARRAT, assistante sociale
Florence MONTREYNAUD, écrivaine
Catherine NEYKOV, écrivaine
Martine NOEL, Centre Hubertine Auclert
Jocelyne PADERI
Dominique PEIGNOUX, Regards de Femmes Ile-de-France
Emmanuelle PIET, CFCV, Collectif Féministe contre le Viol
Maudy PIOT, FDFA
Catherine POULAIN, artiste plasticienne
Marcelle PROVOST, Mouvement du NID
Jean-François PUJOL, FDFA
Claire QUIDET, porte parole du Mouvement du NID
Jacques RAFFIN, enseignant
Delphine RAYNAUD, CFCV
Anne Elise ROBERT
Guy ROCH, Président de la section départementale Côte-d’Or du Mouvement LE CRI, et la section
Justine ROCHERIEUX, formatrice au GAMS
Roselyne ROLLIER, Maison des Femmes de Montreuil
François ROSSIGNOL, médecin
Henri SAINT JEAN, formateur à l’Institut Méditerranéen de Formation et de Recherche en Travail Social, Marseille
Marie-Claude SAINT-PE, sociologue
Marie-Josée SALMON, Présidente du Collectif Féministe « Ruptures »
Sabine SALMON, présidente de Femmes Solidaires
Muriel SALMONA, présidente de Mémoire traumatique et victimologie
Christine SARA-JAMA, directrice Voix de Femmes
Mireille SEGRETAIN-MAUREL, Fondation Scelles
Annie SEGURA-DAUDE, MJF
Rachel SEKULA, enseignante
Pascaline SIMAR, Commission Féminisme EELV (Europe Ecologie Les Verts)
Luce SIRKIS, docteure
Nelly SISCO, retraitée
Fatima SOULHAL, géologue
Hélène SOULODRE, Fondation Scelles
Isabelle STEYER, avocate spécialisée droits des femmes
Frédérique STRZALKA, enseignante
Maya SURDUTS, CNDF et CADAC.
Anne-Marie SZCZUREK, militante féministe, FDFA et Voix Rebelles
Michel TAVET, conseiller municipal de Neuilly-sur-Marne
Sarah TRICHET-ALLAIRE, responsable de la commission féminisme d’Europe Écologie Les Verts
Judith TRINQUART, médecin légiste, secrétaire générale de Mémoire Traumatique et Victimologie
Olga TROSTIANSKY, présidente de la CLEF
Marie VIALARD
Michèle VIANES, présidente de Regards de Femmes
Marie-Jeanne VIDAILLET, présidente du CNFF, Conseil National des Femmes Françaises
Véronique WOLF, écoutante « Viols-Femmes-Informations »
Arlette ZILBERG, animatrice du réseau « Femm’Ecolos »
Henriette ZOUGHEBI, vice-présidente du Conseil Régional d’Ile-de-France