Fondée il y a plus de 50 ans par l’Abbé Pierre, prêtre, membre de la Résistance et ancien député français, le mouvement Emmaüs est bien connu de tous. Mais son engagement dans la lutte contre les trafics humains l’est peut-être moins. Fort de plus de 300 groupes membres, Emmaüs International s’est pourtant activement engagé dans cette lutte depuis le début des années 1990, dans la logique de son principe fondamental : « Servir premier le plus souffrant ».
Avec des communautés installées un peu partout à travers le monde, Emmaüs International ne pouvait en effet ne pas être témoin de cette intolérable montée en puissance de l’esclavage contemporain. Un certain nombre de personnes accueillies au sein des communautés Emmaüs d’Europe sont des victimes qui ont pu ainsi témoigner de leurs itinéraires et de leurs souffrances.
Certains groupes, et notamment en Europe de l’Est, comme en Bosnie-Herzégovine, s’organisent alors pour proposer des abris à ces victimes, mais aussi élaborent des programmes d’assistance juridique et de réintégration sociale.
Lors de son Assemblé Mondiale à Ouagadougou (Burkina-Faso) en 2003, Emmaüs International fit de la lutte contre le trafic des êtres humains l’un de ses engagements prioritaires. Devant l’ampleur du phénomène, il s’agit tout de suite d’appliquer une approche globale, en rassemblant le plus grand nombre d’acteurs impliqués dans cette lutte.
L’organisation des journées européennes de Florence « Ensemble contre l’esclavage contemporain » en octobre 2005 se voulait donc une première manifestation dans la lignée de cet engagement, visant à rassembler associations, organisations internationales et autorités politiques (Parlement européen, bureau du Haut-Commissaire pour les Droits de l’Homme).
Cette conférence s’est définie un triple objectif :
– Promouvoir la coopération et unifier les approches contre les trafics à tous les niveaux, et développer des actions communes.
– Échanger les expériences, particulièrement concernant les difficultés rencontrées, afin d’établir un dialogue entre ceux qui travaillent sur le terrain et les responsables politiques.
– Lancer des campagnes collectives et des actions de lutte à partir d’engagements élaborés en commun.
Et, outre les représentants des communautés Emmaüs présentes, ce sont une trentaine d’associations et organisations diverses qui ont accepté de se retrouver et de travailler ensemble sur le thème du trafic des êtres humains sous toutes ses formes : aux fins de prostitution, d’esclavage domestique, mais aussi trafics d’organes, pour la mendicité, la délinquance, l’adoption…
Tous ont pu débattre autour de 4 thèmes en particuliers : la prévention, l’accueil et l’assistance des victimes, leur réinsertion économique et sociale, la revendication de statuts pour leur protection juridique.
Quatre ateliers de travail parallèles ont ensuite permis aux participants d’approfondir ces questions, et surtout d’élaborer en commun un certain nombre de propositions dans les domaines précédemment cités.
La conférence s’est achevée par la présentation de ces propositions aux représentants institutionnels et politiques présents, comprenant des plans d’action et de développement de centres d’accueil déjà existants, de l’élaboration d’un programme de prévention pilote pour la Roumanie, dans un premier temps, de la mise en place d’une plate-forme européenne d’information, d’échanges et de coordination à Florence, et enfin de mobiliser fortement les états afin qu’ils signent et ratifient la convention sur la lutte contre la traite des êtres humains du Conseil de l’Europe et le protocole de Palerme, et la Convention des Nations Unies sur les droits des travailleurs migrants.