L’Observatoire régional des violences francilien (Centre Hubertine Auclert) a révélé en novembre 2016 une recherche-action menée auprès de 31 associations spécialisées dans l’accueil des femmes victimes de violences et de 36 structures pour la jeunesse (missions locales, foyers, services d’animation…). Un double objectif : mesurer la part de jeunes femmes (18 à 25 ans) victimes de violence accueillies dans ces structures, restituer leurs situations, leurs parcours et leurs besoins.
Un premier constat d’importance : ces jeunes femmes sont « hors radar », faiblement repérées
. Elles vivent ces violences dans le silence, dans la peur d’être jugées, et certaines n’ont pas conscience que ce qu’elles vivent sont des violences
. Or, ce déficit de repérage est d’autant plus dommageable qu’elles forment la part de la population la plus exposée aux violences sexistes et sexuelles.
Exposées à des violences multiples (viols et agressions sexuelles, mariages forcés, mutilations sexuelles et prostitution), elles cumulent les difficultés : précarité, chômage, violences subies dans l’enfance, méconnaissance de leurs droits. À cause de leur jeune âge, elles se heurtent également à des interlocuteurs qui remettent leur parole en cause ou les dénigrent.
L’enquête signale un fort besoin d’hébergement d’urgence ; en àŽle-de-France, 60 places leur sont réservées, pour 400 demandes annuelles. Autres priorités, l’accompagnement dans les démarches (dépôt de plainte, aide sociale…) ainsi qu’un accueil global ; à 18 ans, elles sortent des dispositifs de protection de l’enfance et leur prise en charge se morcèle entre différentes structures.
Encourageant : aucune structure pour la jeunesse répondant à l’enquête n’a considéré que la thématique des violences ne relèverait pas de sa compétence
et la majorité posent des questions dès que des signes de violences sont repérés. Les bonnes pratiques
, citées dans l’enquête, montrent que ces professionnel.le.s sont attentifs aux pistes possibles pour améliorer l’accueil de ces jeunes victimes.
L’Observatoire remet neuf recommandations pour favoriser le repérage et l’accompagnement : formation des structures jeunesse et partenariat entre elles et les associations d’aide aux femmes victimes de violences, communication ciblée en direction des jeunes femmes, développement de l’hébergement…
À télécharger : Recherche-action Jeunes femmes victimes de violences en Ile-de-France
Cet article est paru dans le numéro 190 de notre revue,Prostitution et Société. Pour nous soutenir et nous permettre de continuer à paraître, abonnez-vous!