Quatre cents personnes, des femmes en majorité mais aussi des hommes, ont défilé sous le soleil, samedi 26 novembre 2011 au Perthus, pour dire leur refus des bordels en général et de ceux de la frontière espagnole en particulier.
Venues de Toulouse, Marseille, Montpellier et Perpignan, à l’appel, entre autres, du Collectif Droits des Femmes 66 et du Collectif 13, de la CATW (Coalition contre la traite des femmes), de la MMF (Marche mondiale des femmes) et de Femmes Solidaires, elles ont uni leurs banderoles à celles de leurs amies espagnoles de l’association Dones d’Enllac pour défiler aux cris de Prostitution, Abolition
ou Ni à vendre ni à prendre, le corps des femmes n’est pas une marchandise
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Le rendez-vous à la frontière franco espagnole n’avait pas été choisi par hasard. Les bordels de La Jonquera, dont la presse a largement fait la promotion, sont situés à quelques kilomètres et c’est au Perthus que les jeunes Français, de plus en plus nombreux, passent la frontière pour accéder à ce monde de supermarchés où tout s’achète à bas prix : femmes, alcool et cigarettes.
Servis par une législation favorable aux « entrepreneurs du sexe », dénomination avantageuse pour désigner des proxénètes notoires, les bordels-usines de Catalogne sont devenus de véritables parcs d’attractions. Six cents hommes à la fois peuvent y disposer sexuellement d’une centaine de femmes, en majorité des étrangères poussées par la misère, la précarité et les réseaux à la prostitution à l’Ouest.
On ne peut donc que se féliciter que cette manifestation ait compté au nombre des événements organisés à l’occasion de la journée contre les violences faites aux femmes et ait pu rassembler des représentants de plusieurs syndicats (FSU, Solidaires, CGT) et partis politiques (PS, PC, NPA, EELV). Le président PS du Conseil Régional de Languedoc Roussillon Christian Bourquin s’est d’ailleurs déplacé pour l’occasion.
Cette initiative est une preuve que le lien entre les violences faites aux femmes et leur exploitation dans la prostitution ne peut plus être ignoré ; et que l’heure n’est plus aux combats isolés mais à une solidarité entre abolitionnistes européennes. En rencontrant à la frontière les femmes espagnoles, les françaises ont donné à leur refus de la prostitution une dimension européenne qu’il s’agit maintenant d’élargir.