Suivons Rosen, en marche pour l’abolition!

2264

Aller à pied jusqu’au Sénat, à Paris. Choisir pour étapes les villes où elle a été prostituée. Etre péripatéticienne (au sens philosophique[[Rappelons que le mot péripatéticien vient du grec ancien et désigne une personne qui marche en discutant (en référence au philosophe Aristote qui enseignait en marchant…).]]), marcher en pensant et en militant : c’est la décision qu’a prise Rosen, co-fondatrice du mouvement des Survivantes de la prostitution. Une façon de dire à nos éluEs l’urgence de voter la loi sur le système prostitutionnel mais aussi de donner espoir à toutes les personnes ligotées dans la prostitution et qui ne voient pas d’issue.

Marcher, c’est le plus facile, pour cette randonneuse qui ne craint pas de parcourir 743 km en un mois et demi. Ce qui est difficile, c’est de mobiliser. Saintes est sa ville de départ, le 3 septembre 2014, Paris le but à atteindre autour du 18 octobre, journée de lutte contre la traite des êtres humains.

Annonce

De son dernier à son premier lieu de prostitution, entre Saintes et Paris, Rosen compte remonter le temps : Rochefort, La Rochelle, Niort, Poitiers, Châteaudun, Châteauroux, Vierzon, Blois, Bourges, Orléans… Dans toutes ces villes, elle a été prostituée, en salon de massage ou en bar à hôtesses, pendant vingt-deux années qu’elle voudrait n’avoir jamais vécues. Des années qu’elle veut éviter à d’autres.

L’idée lui trottait dans la tête depuis trois ou quatre ans. Et puis son frère jumeau est décédé le 9 juillet. Je me suis dit, des fois on n’a pas le temps. C’est maintenant ou jamais.

Le choc personnel est venu s’ajouter à la situation politique, le Sénat qui ne bouge pas et la disparition du ministère des droits des femmes. Le déclic a aussi tenu au nombre d’appels que Rosen reçoit, maintenant qu’elle a osé franchir le pas et parler à visage découvert : Des femmes prostituées me parlent de la quadrature du cercle dans laquelle elles sont enfermées. Personne n’a idée de leur détresse. L’une par exemple, bien française, n’a pas de sécurité sociale et paye de sa poche ses transfusions sanguines ! Beaucoup sont tombées là dedans sans s’en rendre compte. Elles vivent cachées. Si elles ne lancent pas d’appels au secours, qui peut les entendre ? La situation s’aggrave, de plus en plus de types prostituent leur compagne pour joindre les deux bouts… Quand j’entends que la loi d’abolition va aggraver la situation des prostituées, je bous. Mais elles sont en danger en permanence ! Et encore plus depuis quinze ans parce que leur situation ne fait qu’empirer.

C’est donc le sentiment de l’urgence, le refus de l’immobilisme qui pousse Rosen à se mettre en marche, de ville en ville, de mairie en mairie, pour convaincre de la nécessité de voter l’abolition et la pénalisation du client, premier responsable avec les proxénètes de la mise à mort de femmes et d’enfants. Sans surprise, beaucoup de maires contactés ne montrent pas un grand intérêt. La prostitution, c’est confus dans les têtes ; c’est peut-être un effet de la liberté…  Si Rosen part seule ou à peu près (avec un homme féministe et une réalisatrice qui veut garder les traces de ce périple pas comme les autres), elle compte bien arriver accompagnée. Et semer en chemin des pierres pour l’abolition.

Marcher avec Rosen

Un blog a été créé pour soutenir Rosen et prendre de ses nouvelles tout au long de son périple. Vous y trouverez des billets de sa main, une carte des lieux traversés, une revue de presse, les messages de soutien qu’elle reçoit… allez y ajouter le vôtre!

=> Marche pour l’abolition

Le blog À dire d’elles donne aussi des nouvelles de Rosen et fait une revue de presse.

La marche de Rosen – dans les médias

– 23 septembre 2014, France Inter

800 kilomètres de marche contre la prostitution

– 14 septembre 2014, Centre-Presse

Une halte à la mairie de Poitiers pour Rosen Hicher

Rosen Hicher s’est entretenue pendant près d’une heure avec ses interlocuteurs et plus particulièrement avec Alain Claeys. Très sensible au récit sans fard de Rosen Hicher, le maire l’a notamment interrogée sur la sanction du client ou encore sur les solutions trouvées dans d’autres pays. Selon Rosen Hicher, l’abolition de la prostitution n’est pas une interdiction mais permettra de lutter contre les réseaux.

– 10 septembre 2014, La Nouvelle République – reportage vidéo

L’ex-prostituée marche contre l’esclavage sexuel

– 9 septembre 2014, France 3 Poitou-Charentes – reportage vidéo

Les 4 vérités de Rosen Hicher, ex-prostituée en guerre contre la prostitution

– 4 septembre 2014, Sud-Ouest
Elle marche sur Paris

Rosen Hicher entend dénoncer les ravages de la prostitution et veut une loi forte

– 4 septembre 2014, ELLE

Ex-prostitute marches on Paris for law to criminalize clients

– 3 septembre 2014, France 3 Poitou-Charentes – article

Saintes (17) : une ex-prostituée entame une marche de 700 km

Rosen Hicher prend son bâton de pélerin pour entamer cette marche de 743 km entre Saintes et Paris. Pour l’ex-prostituée de 58 ans, cette action vise à sensibiliser les élus politiques à la future loi sur la prostitution qui sera discutée à l’automne devant l’Assemblée nationale.

– 3 septembre 2014, The Rakyat Post

Ex-hooker marches for law to criminalise clients

– 3 septembre 2014, Global Post

Ex-prostitute marches for law to criminalise clients (reprise d’une dépêche de l’AFP)

– 3 septembre 2014, Sud-Ouest

Une ancienne prostituée marche pour « l’abolition de l’esclavage sexuel »

– 3 septembre 2014, The News Nigeria

Ex-prostitute marches for law to criminalise clients (reprise d’une dépêche de l’AFP)

– 2 septembre 2014, Libération

«La prostitution est une drogue, puis une mort lente»

Rosen Hicher, ex-prostituée, entame une marche de 700 km pour sensibiliser à la future loi, plus répressive.

– septembre 2014, EMMA

Rosens langer Marsch gegen Prostitution

EMMA est un magazine allemand féministe, fer de lance de l’abolitionnisme dans ce pays où le proxénétisme est légal et où les voix qui s’opposent à cette exploitation et à cette violence sexiste peinent à se faire entendre! Grâce à EMMA, nous avions pu publier dans Prostitution et Société un incroyable reportage à l’intérieur d’un immense bordel de Cologne, où l’équipe avait envoyé une journaliste incognito. À lire ici!

– 31 aoùt 2014, L’Hebdo de Charente-Maritime

[Rozenn Hicher marche contre la prostitution->
http://www.lhebdo17.com/actualite/PROSTITUTION-:-Rozenn-Hicher-marche-contre-la-prostitution.-3930.html »>Une ex-prostituée entame une marche en faveur de la pénalisation des clients


Cette marche, c’est celle du combat contre la prostitution. Rozenn (sic) Hicher, ancienne prostituée, connaît bien ce monde, et c’est pour en libérer les victimes qu’elle a décidé de marcher de Saintes à Paris, en remontant les lieux où elle s’est prostituée. Une marche qu’elle qualifie de « péripatéticienne » au sens littéral du terme, c’est-à-dire « marcher en pensant ». À chaque étape, en effet, elle invite le public à partager son temps pour faire connaître son combat et la réalité de la prostitution.

Article précédentUn sourire vide
Article suivantEudoxie : Tous les jours, je suis abattue…
Claudine Legardinier
Journaliste indépendante, ancienne membre de l’Observatoire de la Parité entre les femmes et les hommes, elle recueille depuis des années des témoignages de personnes prostituées. Elle a publié plusieurs livres, notamment Prostitution, une guerre contre les femmes (Syllepse, 2015) et en collaboration avec le sociologue Saïd Bouamama, Les clients de la prostitution, l’enquête (Presses de la Renaissance, 2006). Autrice de nombreux articles, elle a collaboré au Dictionnaire Critique du Féminisme et au Livre noir de la condition des femmes.