L’association Mémoire Traumatique et Victimologie publie le 2 mars 2016 les résultats de l’enquête réalisée avec l’institut IPSOS sur les représentations du viol et des violences sexuelles chez les FrançaisEs.
Certes, il apparaît que les mentalités évoluent. La gravité des actes de viol est bien perçue par une majorité de personnes, un vrai progrès depuis les années 1980 où leur criminalisation était encore contestée. Les marques d’ignorance et les représentations dépassées qui s’expriment encore dans cette enquête en sont donc d’autant plus choquantes.
21% des personnes interrogées pensent ainsi que les femmes peuvent prendre du plaisir à être forcées pour un acte sexuel. Et les femmes sont plus nombreuses : 22% contre 20% d’hommes. Plus inquiétant, les jeunes de 18 à 24 ans sont plus nombreux encore – près d’un tiers – à adhérer à cette idée.
19% des répondants femmes et hommes confondus considèrent que beaucoup de femmes qui disent non à une proposition d’ordre sexuel veulent en réalité dire oui.
63% pensent qu’il est plus difficile pour un homme de maîtriser son désir sexuel que pour une femme. Là encore, les femmes sont plus nombreuses : 65% pour 61% d’hommes.
29% des répondantEs pensent que les hommes sont plus à même de commettre des viols à cause de la testostérone qui peut rendre leur sexualité incontrôlable.
Certaines représentations ont décidément la vie dure. L’enquête montre ainsi que le comportement de la victime reste, pour beaucoup de personnes, davantage critiqué que celui de l’agresseur. Pour 27% des répondantEs, l’auteur d’un viol est plus excusable si la victime portait une tenue sexy. 4 personnes sur 10 estiment qu’il est toujours possible d’échapper à un viol si l’on se défend suffisamment.
Les termes de la loi restent également mal connus. Pour 24% des répondantEs, une fellation sous la contrainte n’est pas un viol.
Il apparaît donc que beaucoup de travail reste à faire, notamment auprès des jeunes mais aussi des femmes qui semblent encore mal informées sur un sujet qui les concerne au premier chef.
Muriel Salmona, qui dirige l’association Mémoire Traumatique, ne cesse de le rappeler : les violences sexuelles sont un phénomène massif, un problème majeur de santé publique mais aussi un facteur d’inégalité entre les femmes et les hommes. Le déni, la loi du silence et l’impunité sont encore trop souvent la règle. En finir avec « la culture du viol » est une priorité politique.