Après plusieurs prises de position de députées CDU-CSU en Allemagne, c’est maintenant le Parti chrétien-démocrate dans son ensemble qui demande une loi abolitionniste. Une première !
Actualisation du 15 novembre 2023 : le chancelier allemand social-démocrate Olaf Scholz a déclaré devant le Bundestag vouloir « réduire la prostitution » dans le pays et a affirmé « Je ne pense pas qu’il soit acceptable que les hommes achètent des femmes ». Une nouvelle avancée sans effet immédiat, mais qui est un signe positif sur l’évolution en cours en Allemagne.
Les élus de la CDU-CSU (chrétiens-démocrates, conservateurs) considèrent que la politique règlementariste allemande en matière de prostitution a échoué et pointent du doigt une industrie caractérisée par la violence, la coercition et l’exploitation, expliquait lundi le quotidien Die Welt.
Le document adopté mardi après-midi par le parti est intitulé : « Mettre fin aux conditions inhumaines dans la prostitution – punir l’achat de services sexuels ». Les députés y décrivent les conditions du « milieu prostitutionnel » comme « profondément inhumaines et particulièrement misogynes, à quelques exceptions près pour les travailleuses du sexe autodéterminées ». L’« écrasante majorité » est constituée d’une pauvreté involontaire et d’une prostitution liée à la misère, caractérisée par la tromperie, les menaces, la violence et la dépendance totale à l’égard des proxénètes.
C’est le premier groupe parlementaire à préconiser l’introduction du modèle nordique, qui prévoit notamment l’interdiction des bordels et des sanctions contre les « clients-prostitueurs ». Jusque là, seul le groupe « femmes » du parti s’était prononcé en ce sens.
Depuis plusieurs semaines, des élues de la CDU-CSU avaient donné des interviews dans la presse pour alerter sur les effets catastrophiques de plus de 20 ans de légalisation de la prostitution, dans les journaux Bild et Spiegel.
La CDU-CSU aux avant-postes
Les députées allemandes ont également été en première ligne pour l’adoption du rapport abolitionniste (non contraignant) le 14 septembre dernier au Parlement européen.
C’est par ce constat de terrain que toute dépénalisation du proxénétisme et de l’achat d’acte sexuel, qui multiplie à la fois le trafic d’êtres humains et les violences à l’encontre des femmes parmi les plus vulnérables, que l’évidence commence à s’imposer outre-Rhin.
On espère que la Cour européenne des « droits de l’homme » (CEDH) qui doit se prononcer prochainement sur la pénalisation des « clients » saura voir que le modèle nordique est la seule solution pour protéger les plus vulnérables. Et que ce n’est pas supprimer la pénalisation des « clients » qui les aiderait, mais bien au contraire appliquer pleinement le modèle abolitionniste, y compris en France où 7 ans après son adoption, la loi est bien trop peu mise en oeuvre.