Le 20 février 2012 s’est ouvert, à Gérone (Espagne), le procès de José Moreno, le patron du « Paradise », présenté en 2010 lors de son ouverture à La Jonquera, en Catalogne, comme « le plus grand bordel d’Europe ».
L’homme a été poursuivi dans l’affaire dite du réseau des Brésiliennes, des faits remontant à 2008 : il aurait dirigé un réseau recrutant des jeunes femmes du Brésil, avec un visa de tourisme de trois mois, et les aurait astreintes à des conditions « proches de l’esclavagisme » en les soumettant à un véritable racket censé « rembourser » des frais engagés pour le voyage ainsi que pour l’hébergement.
Le procureur avait requis douze ans de prison contre Moreno et une peine équivalente ou même supérieure pour six de ses collaborateurs. Selon lui, les prévenus auraient pratiqué cette traite des femmes par « manque de personnel ». Il semble donc que les jeunes femmes disposées à grossir les rangs des fameuses « prostituées volontaires » soient en nombre insuffisant, malgré le lobbying intensif des proxénètes et le relookage des « clubs » en fleurons de la modernité. Derrière la vitrine débonnaire, les trafiquants continuent donc de trafiquer.
Prenant la pose devant les journalistes, M. Moreno, toute chevalière et gourmette dehors, a tout nié en bloc. Pour lui, les « filles » étaient bien contentes de se faire de l’argent et opéraient elles-mêmes le recrutement par le bouche à oreille. Il fait valoir l’éternel argument : « la porte est ouverte, elles partent quand elles veulent ».
Une condamnation bien en deça des réquisitions
Le 6 mars 2012, José Moreno a finalement été condamné à 3 ans de prison. Trois autres prévenus ont été reconnus coupables d’infraction à la législation sur les ressortissants étrangers et ont écopé de deux ans de prison. Le tribunal a relaxé l’ensemble des mis en cause du chef d’accusation de proxénétisme, arguant du fait que rien ne prouve que les jeunes femmes aient été contraintes à la prostitution.
Au final, un verdict bien indulgent dans une Espagne où de vulgaires marchands de femmes à échelle industrielle ne sont pas considérés comme des proxénètes.