Si #metoo a commencé par avoir peu d’effets et de conséquences sur l’impunité des agresseurs en France, depuis l’an dernier, l’ampleur du système de domination patriarcale qui repose sur les violences sexuelles envers les enfants puis les femmes adultes commence à être mise au jour. À chaque fois, on peut faire un lien entre celles-ci et la prostitution.
Vanessa Springora, éditrice d’une quarantaine d’années, révèle dans son livre Le Consentement l’emprise qu’a eue sur elle l’écrivain Gabriel Matzneff, pédocriminel, alors qu’elle avait seulement 13 ans, et la façon dont l’aura autour de lui a favorisé la complaisance de l’entourage de l’adolescente. Grâce à ces révélations, sa cour médiatique habituelle l’a lâché et il n’est quasiment plus aujourd’hui soutenu par personne. Dans les années 1970 et 80, pourtant, tout le monde trouvait judicieux de l’inviter sur les plateaux (sa présence à Apostrophes, l’émission de Bernard Pivot, a été beaucoup commentée), alors même qu’il affirmait dans ses livres et son journal avoir des relations sexuelles – des viols, donc – avec des garçons de 8-12 ans et des jeunes filles à peine adolescentes. Le parquet de Paris s’est saisi de l’affaire.
Matzneff ne se cachait pas du fait qu’il sollicitait par ailleurs du sexe tarifé de garçons prostitués en Asie. Pas étonnant que parmi ses principaux défenseurs d’alors, figure le « salaud » Frédéric Beigbeder (qui a signé en novembre 2013 avec 16 autres le manifeste des « 343 salauds » « touche pas à ma pute »), lui qui revendiquait ouvertement un « droit » d’achat d’acte sexuel, d’accès à des femmes pour du sexe.
Le milieu sportif épinglé
Début février, c’est dans le sport qu’éclate (à nouveau) le scandale, avec les révélations dans son livre témoignage Un si long silence de la patineuse Sarah Abitbol, violée à 15 ans par son entraîneur. Des révélations qui montrent l’ampleur des violences sexuelles vécues par les jeunes sportives, leurs entraîneurs s’arrogeant un « droit de cuissage » à leur égard et leurs supérieurs fermant les yeux. Le directeur national de la fédération de patinage, Jean-François Gaillaguet, a dù démissionner suite à cette affaire. La justice a ouvert une enquête sur les violences sexuelles dans cette fédération.
Ces révélations ont des répercussions bien au-delà du patinage. À l’Institut national du sport et de l’éducation physique (INSEP), plusieurs dénonciations des violences psychologiques, physiques et sexuelles subies par les jeunes sportifs ont été faites. Dans cet institut, situé en plein milieu du Bois de Vincennes, lieu de prostitution des victimes de la traite des êtres humains, des femmes prostituées auraient été amenées et victimes de graves violences dans les années 1990, selon un article d’Europe1.fr paru début février 2020.
Le porno, de la prostitution filmée
Si le silence se craquèle, en revanche, le lien avec la prostitution n’est pas toujours fait. Et pourtant, il est évident. Avec l’emprise médiatique des militants pro-prostitution, quasi personne – en dehors des abolitionnistes – n’ose encore par exemple s’attaquer au milieu du « porno », qui est un lieu de prostitution filmée où des violences extrêmes sont exercées. Toutefois, mi-février, le site internet Konbini a sorti une vidéo exclusive dénonçant les viols, le proxénétisme et le vol d’image infligés à des jeunes femmes pendant et après le tournage de vidéos de prostitution filmée, ciblant « Jacquie et Michel », site de porno pseudo amateur. Une vidéo qui démontre exactement ce que le Mouvement du Nid dénonce de cette industrie.
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« Le consentement, de Zola à Springora »