Meurtres de personnes prostituées, le procès emblématique de Patrick Salameh

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Les personnes prostituées paient un tribut particulièrement lourd en matière de violences, de viols et de meurtres. La terrifiante affaire Salameh en est l’illustration brutale. Suite à la disparition de trois femmes prostituées en 2008 à Marseille, le procès de cet ancien braqueur s’est ouvert le 17 mars 2014 à la Cour d’Assises d’Aix-en-Provence.

L’homme de 56 ans, qui a déjà purgé seize années de détention aux Baumettes, comparaît pour viols et séquestration suivis de mort de trois femmes prostituées dont les corps n’ont jamais été retrouvés : Iryna, Ukrainienne de 42 ans, Zineb, Algérienne de 28 ans et Cristina, Roumaine de 23 ans, qui avaient disparu en octobre et novembre 2008 dans le centre de Marseille. Il est également jugé pour avoir enlevé, détenu, séquestré et violenté une quatrième femme prostituée, Soumia, qui explique avoir eu la vie sauve en se montrant gentille. C’est le témoignage de cette dernière, qui a raconté comment Salameh avait exigé d’elle qu’elle satisfasse tous ses fantasmes en la menaçant de lui faire subir le même sort qu’une femme dont il lui aurait montré le cadavre dans sa baignoire, qui a mis les enquêteurs sur sa piste.

La police a bien retrouvé dans un appartement appartenant à la famille du prévenu des traces d’ADN et des objets (bracelet, sous-vêtements) appartenant à deux des disparues. Celui-ci reconnaît avoir eu des relations sexuelles avec les trois femmes (j’ai couché avec elles, y’a aucun problème) mais prétend les avoir raccompagnées ensuite sur leur lieu de prostitution. Au procès, il s’offre le luxe d’afficher une rare insolence, notamment vis à vis du Président du tribunal qu’il accuse de manipulation.

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Il apparaît que l’homme présentait une fascination pour les tueurs en série et, que, peintre à ses heures, il aimait représenter des femmes enfermées derrière des barreaux ou des grillages. Selon La Provence, un psychiatre a relevé chez lui une absence d’empathie propre aux grands déséquilibrés psychopathes. Quant à Soumia, elle présente, toujours selon les psychiatres, un stress post-traumatique : elle a d’ailleurs été victime au tribunal d’une crise de tétanie qui a entraîné une suspension de séance.

On ne peut s’empêcher, face à une affaire aussi terrible, de penser à tous ceux qui justifient la prostitution au nom du fait qu’elle protègerait la société des violences et qui ne craignent pas d’affirmer qu’il faut des prostituées pour canaliser les pulsions des détraqués (sic). A voir l’étendue des violences sexuelles et sexistes, il est évident que la prostitution ne canalise rien. En revanche, les prostituées, qui sont des femmes comme toutes les femmes, sont décidément en première ligne pour en subir les manifestations les plus extrêmes, et de plein fouet.

Le 3 avril 2014, le prévenu a été condamné à la prison à perpétuité assortie d’une peine de sùreté de 22 ans.