La prostitution constitue et a toujours constitué un thème privilégié de la littérature.
Aussi, nous a-t-il paru important de mettre en lumière la façon dont elle est dépeinte par les romanciers.
_ Dans cette rubrique, les citations littéraires sont mises en parallèle avec les témoignages actuels des personnes prostituées, comme des clients.
_ Une mise en perspective riche d’enseignements!
Il sait que ce dégoût le recouvrira.
Ce qui était perdu, François Mauriac, Grasset, 1930, p 89 et 90.
Mais il ne lui tarde pas d’être à ce soir. Une éternité de plaisir l’en sépare. Il n’aime pas à penser aux heures qui suivent l’assouvissement – d’une tristesse, d’une horreur impossible d’ailleurs à se représenter avant d’avoir été repu. Il n’en a, pour l’instant, qu’une connaissance abstraite ; il sait que ce dégoût le recouvrira, mais il faut traverser d’abord une éternité de joie.
Né à Bordeaux, François Mauriac (1885-1970) est l’auteur très connu deThérèse Desqueyroux,Le sagouin ou duBaiser au lépreux. Comme le domaine du roman de cet écrivain est la passion humaine, il sonde à merveille les fonds troubles de ses personnages.
Un vrai dégoût pour la personne, du mépris de moi-même.
Témoignage d’un « client », recueilli dans l’ouvrage de Saïd Bouamama et Claudine Legardinier,Les clients de la prostitution. Enquête, Presses de la Renaissance, 2006, p. 189
La honte, la peur, un vrai dégoût pour la personne, du mépris de moi-même. Comment tu es réduit à ça ? Un sentiment d’injustice et de colère envers la personne mais aussi envers moi-même. J’étais furieux, furieux. J’étais floué, complètement floué. Je me suis dit : « Mais qu’est-ce que tu imagines ? »
À bout de rage, de haine, de dégoût
Témoignage de Mylena,Prostitution et Société n°131
Je n’avais pas le choix. J’ai « travaillé » pour lui pendant un mois et demi. à‡a m’a dégoûtée. Je n’ai pas de mots pour dire à quel point je me suis sentie sale à l’intérieur de mon corps. En fin de compte, à bout de rage, de haine, de dégoût, je suis allée chez les flics pour le dénoncer. Je me suis sentie enfin libre
Les hommes, on en a le dégoût
Témoignage d’Émilie,Prostitution et Société n°127