Les survivantes

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les survivantes

Cette pièce qui se joue du 3 mars au 15 avril 2020 au théâtre 13 à  Paris a été créée à partir des témoignages de personnes prostituées recueillis par le Mouvement du Nid pour Prostitution et Société.

Sur cette scène de théâtre, un chœur de cinq femmes déroule, l’une après l’autre, ses douleurs intimes. La plus jeune, Clara, est une Ukrainienne qui a été kidnappée dans la rue, violée à  plusieurs reprises en Italie puis enfermée dans un bordel en Allemagne.

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Mimi a, quant à  elle, dù se soumettre à  une violence plus sourde d’un mac prétendument amoureux qui l’a menacée de montrer aux siens des photos compromettantes. « Pour ma famille, j’étais vierge », souligne cette femme africaine qui cache d’ailleurs la vérité à  sa fille : « J’ai peur qu’elle me crache à  la figure ».

Du mensonge au déni il n’y a qu’un pas. Birgit clame sans cesse qu’elle est une « masseuse et non une pute » ; elle s’occupe des zones érogènes de ses clients mais remet ses « cheveux en rideau quand il faut aller jusqu’au bout« .

De son côté, Carmen connaît bien les bars à  champagne ; au départ, c’était soi-disant pour faire boire les clients. Séquestrée, privée de sommeil, elle est contrainte à  des pratiques sexuelles extrêmement violentes. « C’est la soumission ou la mort », commente cette ancienne responsable d’entreprise qui a connu la faillite et l’abandon de son compagnon. Ces femmes frôlent régulièrement le pire. « Quand on est encore en vie, on est contentes », signale l’une d’entre elles.

Rose a également fréquenté les bars à champagne. Lorsqu’elle est rentrée dans la prostitution pour pouvoir nourrir ses enfants, cette mère de famille ne devait y rester que trois semaines. Elle y est depuis 25 ans.

Pour supporter les violences quotidiennes, ces femmes trouvent la parade, notamment en se dissociant : « Je suis dans ma bulle, ce n’est pas moi » , « Mon âme et mon corps sont différents ». Elles se protègent des clients, de leurs odeurs, en leur racontant des mensonges : « On vous méprise quand on vous appelle chéri ».

De leur côté, les clients entonnent de jolis couplets à  ces femmes :« Vous êtes la chose unique dont on rêve », estimant que leur présence est nécessaire : « C’est important pour notre équilibre ». En réalité, ces hommes ne demandent qu’une chose à  la femme prostituée : « Ferme ta gueule, je paie ».

Quant au proxénète, il parle de « ses » femmes comme d’un « cheptel » qu’il « a péché dans le caniveau ».

« Je suis une survivante, je marche »

C’est pour ne plus se soumettre, pour ne plus subir ces violences extrêmes que Rose, la plus âgée, pousse ses camarades à  redresser la tête : « Il faut qu’on existe ». Comment ? En soutenant la loi[[Loi du 13 avril 2016 visant à  renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à  accompagner les personnes prostituées.]], en allant manifester dans la rue. Le personnage est directement inspiré du combat de Rosen Hicher, survivante, qui a marché de Saintes à  Paris en 2014. Alors, chacune de ces femmes se lève et clame haut et fort : « Je suis une survivante, je marche ». Même un client repenti va se rallier à  leur cause, à  leur combat : « Pas de sexualité sans désir. »

Un spectacle coup de poing et très bien joué qui permet de mieux saisir la réalité de la prostitution. Comme l’explique Amel Charif, une des comédiennes : « On ne montre jamais la vérité de ces femmes, on ne voit jamais leur humanité ».

Ce projet de création théâtrale est né à  la suite d’une conférence de presse qu’avait organisé le Mouvement du Nid en 2013. Blandine Métayer qui avait été conviée à  lire sur scène des témoignages de survivantes, s’est dit ce jour-là : « Ce serait une pièce formidable ». Pari tenu !

Du 3 mars au 5 avril 2020
Du mardi au samedi à  20h, les dimanches à  16h
THÉÂTRE 13 jardin, 103 A boulevard Blanqui, 75013 Paris, Métro Glacière.