Une exposition à l’École Nationale de Protection Judiciaire de la Jeunesse, un catalogue bien illustré et préfacé par Michelle Perrot, le sujet des mauvaises filles
a enfin le traitement d’ampleur qu’il mérite.
Mauvaises filles
? Rebelle, anorexique, fugueuse, avortée… et prostituée bien sùr. Ces situations sont explorées au travers de portraits archétypaux et de documents d’archives, du début du 19ème siècle à aujourd’hui.
Les auteur.e.s mettent en perspective faits, destins individuels et discours répressifs sur les mauvaises filles
, qu’il s’agit d’encadrer, voire d’enfermer, tant elles choquent une société où les stéréotypes de genre ne doivent pas être transgressés.
Trois personnages de personne prostituée ponctuent cette marginalité au féminin : Lili, prostituée dans une maison close ; Victoire, l’insoumise
du quartier du Panier à Marseille et Lola, la prostituée 2.0.
. C’est là que le discours des auteurs révèle une ambiguïté bien gênante : si Lili est montrée comme une femme enfermée, liée à la maquerelle par la spirale infernale de la dette, Victoire semble incarner une liberté dangereuse et excitante. Quant à Lola, c’est une étudiante en sociologie qui lit Judith Butler et Virginie Despentes, et trouve dans la prostitution une expérience de libération et un espace de pouvoir au féminin !
Une fois encore, le discours « hors- sol » de certains intellectuel.le.s aboutit, en toute complaisance et par un renversement « dialectique », à une quasi promotion de l’asservissement!
Cet article est paru dans le numéro 190 de notre revue,Prostitution et Société. Pour nous soutenir et nous permettre de continuer à paraître, abonnez-vous!