Sauvage a été réalisé par Camille Vidal-Naquet, qui a été bénévole 3 ans au sein de l’association « les captifs La libération ». Brut, « Sauvage » n’est pas un film militant. Mais à travers le portrait d’un jeune homme paumé au grand coeur, il met en lumière la violence ordinaire de la prostitution
A la femme médecin qui l’interroge en l’auscultant: « Vous n’avez pas envie d’autre chose ? », il répond : « Pourquoi j’aurais envie d’autre chose ? ».
Léo, âgé de 22 ans, semble en effet se satisfaire de son quotidien de prostitué.
Comme d’autres hommes, il attend le client sur un trottoir, en bordure d’un bois et ce, « depuis un certain temps ».
Lorsqu’il est à bout de forces, il se couche dans la rue, fréquente un squat ou s’enferme dans les toilettes d’un hôpital. Il se lave à l’eau qui coule dans les caniveaux. Dormant très peu, souffrant de graves carences alimentaires et atteint de tuberculose, comment pourrait-il suivre le conseil de la femme médecin qui l’encourage à « prendre soin » de lui ?
En effet, ce vagabond dont on ignore le passé, est un funambule qui vacille au bord du vide. Déambulant, solitaire, aux abords d’une gare ou d’un aéroport, Léo ignore de quoi demain sera fait. Sans racines, il vit l’instant présent, souvent violent.
En effet, il ne s’épargne jamais et se plie, sans se rebiffer, aux fantasmes les plus fantaisistes, voire les plus violents des clients : passes sado-masochistes, actes de torture. En discothèque, il s’étourdit de musique et de drogue : du crack, mais également de l’ecstasy en cristaux.
Léo, ce « sauvage » qui sait à peine lire, est un grand sentimental. « Tu es fait pour être aimé, toi ! », lui lance Ahd, cet homme prostitué qui le protège, à défaut de pouvoir répondre à son amour. Effectivement, Léo a le coeur qui bat très fort. Alors, il n’hésite pas à se blottir dans les bras de la femme médecin, en pleine consultation. Et propose humblement à un client âgé de le prendre dans ses bras, en veillant sur son sommeil. Durant les passes, il embrasse parce que « cela ne le dérange pas ».
Lorsqu’un homme mùr s’éprend de Léo, prenant soin de lui et projetant un avenir commun, saura-t-il enfin se laisser apprivoiser, s’abandonner à cet amour pour s’envoler vers de nouveaux horizons ? ou choisira-t-il l’esquive et l’inévitable descente aux enfers ?
A travers les images de ce film, hyper réalistes voire crues, Camille Vidal-Naquet, le réalisateur, dénonce l’extrême violence que représente l’exclusion et la prostitution, sans pour autant faire preuve de militantisme.
Léo, ce jeune homme maltraité qui encaisse les coups sans broncher, ne se départit jamais de son extrême bienveillance et générosité. Un film d’une grande humanité !