Une inquiétante étrangeté

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La prostitution constitue et a toujours constitué un thème privilégié de la littérature.
Aussi, nous a-t-il paru important de mettre en lumière la façon dont elle est dépeinte par les romanciers. Dans cette rubrique, les citations littéraires sont mises en parallèle avec les témoignages actuels des personnes prostituées, comme des « clients ».

Une mise en perspective riche d’enseignements !

«Après avoir erré pendant un moment sans guide…»
Un jour que je flânais, par un chaud après-midi d’été, dans les rues inconnues et désertes d’une petite ville italienne, je tombai par hasard dans une zone sur le caractère de laquelle je ne pus longtemps rester dans le doute. Aux fenêtres des petites maisons, on ne pouvait voir que des femmes fardées, et je me hâtai de quitter la ruelle au premier croisement. Mais après avoir erré pendant un moment sans guide, je me retrouvai soudain dans la même rue où je commençais à  susciter quelques curiosités, et mon éloignement hâtif eut pour seul effet de m’y reconduire une troisième fois par un nouveau détour. Mais je fus saisi alors d’un sentiment que je ne peux que qualifier d’unheimlich (ndlr : inquiétant) et je fus heureux lorsque, renonçant à  poursuivre mes explorations, je retrouvais le chemin de la piazza que j’avais quitté peu de temps auparavant

« L’inquiétante étrangeté », L’inquiétante étrangeté et autres essais, Gallimard, 1985, pp. 239-240. Citation trouvée dans l’article « Je suis une prostituée, tu seras un travailleur du sexe. Une filiation impossible », par Viviane Dubol, Revue Travail, genre et sociétés n°10, 2003.

Sigmund Freud a peu parlé de la personne prostituée, à  une époque où médecins et écrivains s’employaient à  parler du sexe.

Annonce

Un jour, alors qu’il est en voyage, il est troublé par la vue de personnes prostituées et raconte ce qu’il ressent. Parallèlement, il est intéressant de mettre en lumière ce que les personnes perçoivent des regards portés sur elles.

« On ne me regarde pas comme on regarderait n’importe qui. »

Témoignage de Fiona, Prostitution et Société n° 162

« Quand je sors dans la rue, j’ai l’impression que c’est écrit sur mon front ; que les gens me regardent parce qu’ils savent. Dans la rue, on regarde les handicapés d’une certaine façon. Moi, c’est la même chose ; on ne me regarde pas comme on regarderait n’importe qui. »

Témoignage de Roseline, Prostitution et Société n° 122

« Vous croyez que c’est drôle, le regard méprisant des gens sur vous, les bandes de jeunes qui jettent des préservatifs pleins d’urine, des œufs pourris ?. Les prostituées ne sont pas des paquets de viande. »