Les « clients » plus à risque de commettre des agressions ?

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Les « clients » des personnes prostituées partageraient certaines caractéristiques avec les hommes en risque de commettre des agressions sexuelles, selon une étude[« Comparing sex buyers with men who do not buy sex : new data on prostitution and trafficking », Journal of interpersonal violence, 31 aoùt 2015, [en ligne.
Recherche menée par Melissa Farley, Prostitution Research & Education, et des chercheurEs des universités de San Francisco, San Diego, Los Angeles et Chicago.]] menée dans la région de Boston, aux Etats-Unis : 101 hommes « clients » ont été interrogés ainsi que 101 non « clients », d’âge, de niveau d’étude et d’origine ethnique équivalents.

En interrogeant ces deux groupes d’hommes, ceux qui sont « clients » et ceux qui ne le sont pas, l’enquête a tenté de cerner d’éventuelles différences de comportement et de relation aux femmes.

Les différences entre les deux groupes

Les acheteurs de sexe qui ont répondu à l’enquête déclarent un nombre supérieur de partenaires sexuelles : 76% en rapportent plus de 15 au cours de leur vie contre 33% chez les non « clients » (une nouvelle mise à mal du cliché sur la prostitution comme réponse au manque de femmes). Ils sont plus de deux fois plus nombreux (70% contre 28%) à dire qu’ils aiment disposer d’une variété de partenaires et à exprimer une préférence pour le sexe non relationnel et non engagé.

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Les « clients » interrogés ont moins d’empathie envers les femmes prostituées qu’ils voient comme différentes des autres femmes. Ils sont plus nombreux à considérer la prostitution comme du sexe consenti (62% contre 37%), à dire que la prostitution peut être un choix (93% contre 66%), et moins nombreux à la voir comme une exploitation sexuelle (38% contre 65%). Ils usent bien entendu de termes plus positifs pour décrire les acheteurs de sexe : « clients » par exemple, quand les non acheteurs parlent davantage de losers (perdants).

Selon l’équipe de recherche, cette préférence pour le sexe impersonnel et la moins grande empathie pour les personnes prostituées caractérisent de la même façon les hommes en risque de commettre des agressions sexuelles. L’étude fait l’hypothèse qu’ils partagent des points communs, notamment l’interaction entre une préférence pour le sexe impersonnel et un état de masculinité hostile : une masculinité définie comme le fait de personnalités narcissiques, qui adhèrent aux mythes qui justifient le viol et expriment le désir de dominer sexuellement les femmes. Elle voit là la confirmation de données déjà mises à jour dans des travaux plus anciens (par exemple Monto & Mc Ree, 2005[Cette étude – et bien d’autres – est abordée dans notre dossier spécial : [.]]).

Les points communs

En revanche, les réponses entre les deux groupes diffèrent peu sur un certain nombre de points. L’acceptation des mythes sur le viol n’est pas très différente de l’un à l’autre, reflet sans doute de croyances répandues parmi la population générale.

Les hommes interrogés sont aussi nombreux, 66% dans les deux camps, à dire que la majorité des personnes prostituées sont trompées par des proxénètes ou victimes de trafiquants. Ils sont également d’accord pour dire que la majorité des bars et clubs de Boston abritent des mineures.

A la question de savoir quelles mesures pourraient dissuader les acheteurs de sexe, les deux catégories font des réponses assez similaires : être consignés sur une liste d’agresseurs sexuels, subir une peine de prison, voir son nom ou sa photo publiés dans la presse… Viennent ensuite les amendes, le retrait de véhicule et la suspension de permis de conduire. Mais au final, ils ne sont que 35% des clients à dire que des lois d’interdiction affecteraient leur comportement.

De l’aveu même de l’équipe d’enquête, l’étude se heurte à des limites : on peut penser que les répondants ont minimisé les aspects qui auraient pu nuire à leur image. Elle conclut toutefois que réduire la demande de prostitution des hommes, sur le modèle suédois, pourrait avoir des conséquences sociales positives.